Maintenir ou améliorer les conditions d’accueil pour les populations de mammifères marins

Maintenir ou améliorer les conditions d’accueil pour les populations de mammifères marins

Maintenir ou améliorer les conditions d’accueil pour les populations de mammifères marins

Piège à rat automatique |  Automatic rat trap
Piège à rat automatique | Automatic rat trap

Action CS21

  • Suivre le succès reproducteur des noddis bruns

La convention entre la DEAL et l’association de gestion de la réserve naturelle dans le cadre du plan France relance, en faveur de la régulation de la population de petits mammifères introduits sur l’îlet Tintamarre, s’est terminée le 31 décembre 2022. Le rapport d’exécution fait état du déploiement en 2 phases de 150 pièges (installés, appâtés et régulièrement contrôlés et réarmés) ayant permis la couverture des deux tiers de l’ile. Les compteurs qui équipent chaque dispositif ont enregistré 3500 déclenchements, soit quasiment autant que de rongeurs qui n’impacteront plus les fragiles écosystèmes de ce sanctuaire de biodiversité.

L’opération continue toutefois, pour finir le traitement du second tiers, ainsi que du cordon sanitaire implanté en arrière-plage de Baie blanche, site le plus fréquenté, pour prévenir tout nouvel arrivage de rats par la mer. Si ces envahisseurs discrets s’agrègent aux abords des zones de pique-nique, ils sont également attirés par toutes sources de nourriture potentiellement proches des points d’eau et des zones de nichage des noddis bruns et des pailles-en-queue, le long des falaises.

Dès que le nombre de déclenchements baissera sur le second tiers, les pièges seront déplacés vers le troisième tiers, sur la partie Est de Tintamarre pour en terminer le traitement.

Cette mission très chronophage et exigeante a été rendue possible grâce aux bénévoles que la réserve naturelle remercie sincèrement.

Une baleine à bosse emmêlée dans un filet © Guide MEGAPTERA : Les baleines à bosse du banc d’Anguilla A humpback whale tangles in a fishing net © The Humpback Whaleso f the Anguilla Bank MEGAPTERA guide
Une baleine à bosse emmêlée dans un filet © Guide MEGAPTERA : Les baleines à bosse du banc d’Anguilla A humpback whale tangles in a fishing net © The Humpback Whaleso f the Anguilla Bank MEGAPTERA guide

Pêche professionnelle et mammifères marins : quelles conséquences ?

La réserve naturelle a participé à une étude commanditée par l’équipe OFB du sanctuaire Agoa portant sur les interactions entre la pêche professionnelle et les mammifères marins au sein du sanctuaire Agoa. Un cas connu porte sur l’emmêlement de mammifères marins dans les lignes et cordages de DCP (dispositif de concentration de poissons). Après enquête, il s’avère que les techniques locales autour de Saint-Martin n’entraînent pas ou peu d’interactions, mais que les observations au large provoquent un fort taux de rencontres autour des DCP.

Enregistrement permanent du chant des baleines

Le 9 juin 2021, comme chaque mois, la réserve a récupéré l’hydrophone immergé en février 2021 à une quinzaine de mètres de profondeur pour enregistrer les bruits qui résonnent dans « le monde du silence » et notamment les chants des mammifères marins, dans le cadre du projet CARI’MAM. Les données enregistrées sur une carte mémoire ont été envoyées aux chercheurs de l’Université de Montpellier, qui développent une intelligence artificielle à laquelle ils apprennent à reconnaître les espèces de mammifères marins. A terme, cette dernière sera à même de traiter automatiquement des heures d’enregistrement en total autonomie et de produire des données inédites. L’hydrophone est immergé entre les îlots de Tintamarre et de Scrub, dans les eaux françaises, et enregistre 1 minute toutes les 5 minutes, 24 heures sur 24. Les piles de l’appareil doivent être renouvelées tous les mois.

Séance d’entraînement d’immersion d’une balise
Séance d’entraînement d’immersion d’une balise

Les mammifères marins sur écoute

Caraïbe se sont retrouvés en République Dominicaine du 30 octobre au 4 novembre 2019, sur invitation de Cari’Mam (voir encadré). Une grande partie de la rencontre a porté sur le projet de mise en place d’une vingtaine de balises acoustiques sous-marines tout le long de l’arc antillais, de Trinidad aux Bermudes. Ces balises immergées vont enregistrer les chants des mammifères marins sur un rayon de 10 miles nautiques (18,5 km) pendant une minute, suivi d’un arrêt de quatre minutes afin de ménager les batteries. La balise confiée à Saint-Martin sera posée durant la première semaine de janvier 2020, hors de la Réserve naturelle, au large de Tintamare. Les balises d’Anguilla et de Saint-Barth seront mises en place en tenant compte de la position de celle de Saint-Martin, afin que la surface couverte soit la plus étendue possible. Les balises vont enregistrer les chants de tous les mammifères marins sur une carte SD, qui sera récupérée tous les deux mois par l’équipe de la Réserve, au moment de changer les piles et de replacer une carte vierge. La carte sera traitée ensuite par un laboratoire dédié à l’Université de Toulon, où les sons seront identifiés. Les résultats feront l’objet d’un rapport. Trois autres ateliers ont été consacrés à la bonne pratique du whalewatching, à l’éducation à l’environnement en faveur des mammifères marins et à la réalisation d’un livret d’identification en mer des mammifères marins pour la grand public. À ce titre, l’Office français pour la biodiversité (OFB), au travers du sanctuaire Agoa, a accordé une subvention de 11 940 euros à la Réserve naturelle pour l’achat de deux hydrophones et de sculptures pédagogiques de mammifères marins.

Financé par l’Union Européenne dans le cadre du programme Interreg Caraïbes, le projet de coopération Cari’Mam vise à créer un réseau entre les gestionnaires d’aires marines protégées de la Caraïbe pour la préservation des mammifères marins. Il propose notamment le développement d’outils communs de gestion et d’évaluation, ainsi que l’accompagnement du développement du whalewatching dans une démarche durable et respectueuse des animaux.
Prise en charge d’un bébé dauphin en détresse
Prise en charge d’un bébé dauphin en détresse

Le 2 août, grâce au signalement fait par le personnel de la Marina Fort Louis et d’usagers de la mer, la Réserve naturelle a tenté de porter secours à un jeune dauphin en détresse, blessé au museau et désorienté. Déjà signalé la veille en baie de Grand-Case, très affaibli et amaigri, le petit mammifère marin qui n’était pas encore sevré est mort pendant son auscultation par le docteur vétérinaire Michel Vély. L’animal avait été pris en charge selon le protocole «mammifères marins en détresse» établi par le réseau national d’échouages, dont fait partie l’équipe de la réserve. Ce petit individu a été conservé en vue de son autopsie, laquelle fera également l’objet d’une formation dans le cadre du sanctuaire Agoa.

Deux baleines à bosse - Two humpback whales
Deux baleines à bosse - Two humpback whales

La Réserve naturelle de Saint-Martin a bien sûr fait partie des 70 spécialistes des aires marines protégées et des mammifères marins réunis au Gosier, en Guadeloupe, les 9 et 10 mai 2019. La rencontre était organisée par Agoa et Cari’Mam – Caribbean Marine Mammals Preservation – le réseau de protection des mammifères marins dans la Caraïbe. Les îles françaises et la Guyane avaient toutes répondu présent, mais également les îles néerlandaises, ainsi qu’Anguilla, les Bahamas, la Barbade, les Bermudes, Cuba, la Dominique, Haïti, la Jamaïque et les Turks & Caicos, sans oublier les Etats-Unis. Plusieurs ateliers ont permis aux participants d’échanger sur les aires marines protégées et leurs plans de gestion, la sensibilisation du public, les échouages de mammifères marins et la durabilité du whalewatching. Saint-Martin, représenté par Nicolas Maslach, directeur de la Réserve naturelle et Michel Vély, président de Megaptera, ainsi que Bulent Gulay, président de Métimer, ont retenu l’attention en présentant la dernière campagne Megara. Cette campagne a permis de déployer six balises et de suivre les baleines à bosse sur leur trajet vers l’Amérique du Nord et l’Europe, de pratiquer huit prélèvements de peau, une douzaine de photos de caudales et de nombreux enregistrements de chant des mâles. Rappelons que le sanctuaire Agoa de protection des mammifères marins couvre toute la zone économique exclusive des Antilles françaises, soit 143 256 km2.

Magnifique saut de baleine à bosse Magnificent jump by a humpback whale © Steeve Ruillet / Megaptera
Magnifique saut de baleine à bosse Magnificent jump by a humpback whale © Steeve Ruillet / Megaptera

6 balises déployées, 8 prélèvements de peau, une douzaine de photos de caudales et de nombreux enregistrements de chant des mâles. Voici le bilan très positif de Megara 4. MEGARA 4 :

un succès ! Maintenir ou améliorer les conditions d’accueil pour les populations de mammifères marins To maintain or improve local conditions for marine mammal populations Réserve Naturelle SAINT MARTIN Démarrée en 2014, la mission scientifique MEGARA de suivi des baleines à bosse a organisé sa quatrième édition du 16 au 30 mars 2019, dans les eaux de Sint Maarten, Anguilla, Saint- Barth, Saba et Saint-Eustache, après autorisation des autorités de ces îles. L’objectif reste de développer une meilleure compréhension de la biologie des baleines à bosse caribéennes, notamment par le déploiement de balises Argos, le prélèvement de biopsies cutanées, l’enregistrement des chants des mâles et les photos de nageoires caudales pour l’identification individuelle. Financées par la Réserve naturelle, l’association Megaptera, l’Agence territoriale de l’environnement de Saint-Barth et les compagnies Nagico et Teria, pas moins de 6 balises ont été implantées dans le tissu graisseux d’autant de baleines à bosse et 4 d’entre elles permettent aujourd’hui de suivre par satellite les déplacements de ces majestueux mammifères. On sait ainsi qu’un individu a mis le cap sur l’Amérique du Nord, qu’un autre se dirige vers l’Europe, mais aussi que deux femelles accompagnées de leur baleineau se déplacent entre les îles environnantes, peutêtre en attendant que leur progéniture grandisse, avant d’entamer la longue migration vers les zones estivales d’alimentation dans le nord de l’Atlantique.

The Argos beacon makes it possible to follow this whale (view April 4th 2019) La balise Argos permet de suivre cette baleine (visuel du 4 avril 2019)

Également, huit prélèvements de peau vont donner lieu à des analyses génétiques, qui révèleront le sexe de ces animaux et seront comparées aux connaissances déjà acquises et centralisées à l’Université néerlandaise de Groningen, qui tendent à démontrer que les baleines “saint-martinoises” sont proches du type génétique des baleines du Cap Vert. Une douzaine de photos de nageoires caudales, dont les caractéristiques signent l’identité de chaque baleine à bosse, vont venir enrichir le catalogue créé en 2014 par la Réserve et seront partagées avec les catalogues existants, dans la Caraïbe, mais aussi aux États-Unis, au Canada, en Islande, en Norvège, grâce à l’appui de l’OMMAG (Observatoire des mammifères marins de l’archipel guadeloupéen). Quant aux chants des mâles, destinés à séduire les femelles, ils différent comme chaque année des saisons précédentes. Il est possible d’en écouter un échantillon sur la page facebook de la Réserve. La mission s’est déroulée à bord du Contender et du semi-rigide de la Réserve, équipé d’une tourelle depuis laquelle Mikkel Villum Jensen, taggueur professionnel, a déployé les balises et l’équipe de la Réserve pratiqué les prélèvements. Un catamaran a servi de base logistique pendant ces opérations. Malgré des conditions de mer médiocres, environ 4 groupes de baleines à bosse ont pu être observés chaque jour et ont donné lieu à de belles images aériennes depuis un drone. L’équipe de la Réserve naturelle de Saint-Martin ; Michel Vély, spécialiste des mammifères marins et président de l’association Megaptera ; Steeve Ruillet, membre de Megaptera ; l’Agence territoriale de l’environnement de Saint-Barth, des représentants du sanctuaire Agoa et du projet européen Cariman, ainsi que plusieurs journalistes ont participé à cette belle aventure de partage de connaissances et d’amitié.;

Leur nageoire caudale est la carte d’identité des baleines à bosse / Their caudal fins are the individual identity for humpback whales © Nicolas Maslach

 

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