L’amélioration des connaissances sur les espaces et les espèces protégées

L’amélioration des connaissances sur les espaces et les espèces protégées

L’amélioration des connaissances sur les espaces et les espèces protégées

L’anolis d’Anguilla The anole from Anguilla
L’anolis d’Anguilla The anole from Anguilla

Chaque année, l’Europe demande à ses membres de proposer des projets destinés à être soutenus par le LIFE, instrument de financement pour des initiatives en faveur de la nature, de l’environnement et de l’action pour le climat. Ainsi, depuis l’été 2022, le pôle scientifique de la réserve participe à des réunions en visioconférence - notamment avec l’Office national des forêts (ONF) et la Société herpétologique de France (SHF), mais aussi des partenaires d’autres îles - dont l’objectif est de soumettre au programme LIFE une proposition en faveur des reptiles terrestres protégés des Antilles françaises. Parmi ces reptiles, on trouve le scinque, la couresse, l’iguane des Petites Antilles, l’anolis, le gekko... L’idée est de contribuer à la conservation de ces populations en mettant en oeuvre des actions de production de connaissances, de gestion, de régulation des espèces exotiques envahissantes, mais aussi de sensibiliser le public, qui méconnait et mésestime ce patrimoine naturel. Les financements LIFE sont une opportunité sans laquelle des actions d’ampleur et décisives de conservation ne sauraient être concrétisées par les acteurs territoriaux.

L’enregistreur acoustique autonome, installé dans les eaux de la Réserve naturelle en décembre 2016 par trois chercheurs américains de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) et un chercheur de l’Université de Floride, a dépassé les attentes des scientifiques. Ce piège acoustique déployé par 16 mètres de fond a enregistré 1 heure toutes les 4 heures sur 137 jours et les enregistrements révèlent la présence de chants sur 123 des 137 jours étudiés. Des chants ont été enregistrés au cours de la période s’étendant du premier au dernier jour, signifiant que la période de présence des animaux dépassait donc celle de l’étude. Des enregistrements ont eu lieu fin juin et font partie des plus tardifs pour l’ensemble des localités étudiées. Les données traduisent également la présence de dauphins. Ces quatre scientifiques travaillent dans le cadre d’une mission de suivi des baleines à bosse et autres mammifères marins baptisée CHAMP, pour “Caribbean Humpback Acoustic Monitoring Program”. D’autres résultats et études restent à venir.

Collecte de données sous-marines | Collection of underwater data
Collecte de données sous-marines | Collection of underwater data

Du 4 au 6 décembre 2017, le diagnostic Reef Check s’est déroulé comme chaque année depuis avril 2008. Cette dixième édition a concerné le site historique du Galion, ainsi que les trois sites étudiés depuis trois ans : Caye Verte, Pinel et le Rocher Créole. Les données collectées n’ont pas encore été traitées, mais peu d’impact a été relevé sur la faune et la flore fixée (corail, gorgones, éponges...). La faune mobile - poissons et crustacés - semble en revanche avoir été perturbée et modifiée, mais seule l’exploitation des données permettra de déterminer exactement son état. Une faible présence de déchets post Irma a été observée sur ces quatre sites sous-marins, hormis au Rocher Créole où il faudra dégager mâts, bômes et cordages. Le suivi mondial Reef Check permet de contribuer à l’évaluation globale de l’état de santé des récifs coralliens. Les données seront transmises à Reef check France pour alimenter la base de données Reef Check International. Comme chaque année, elles feront l’objet d’un rapport consultable en ligne sur le site internet de la Réserve naturelle.

 

Trace laissée par une tortue marine | Trace left by a sea turtle
Trace laissée par une tortue marine | Trace left by a sea turtle

La cinquantaine d’écovolontaires dédiée au suivi des pontes de tortues marines a procédé en 2017 à 315 patrouilles de reconnaissance sur les onze plages retenues par la Réserve. Ils ont relevé 131 traces, dont 96 dataient de moins de 24 heures. 94 traces ont été laissées par des tortues vertes et 36 par des tortues imbriquées. Un tiers des traces ont donné lieu à une ponte. D’autres traces ont été relevées sur l’île, en dehors des onze plages arpentées par les écovolontaires, et notamment 8 traces de tortues luth, dont 6 sur la baie Orientale. Deux émergences de tortues luth ont été signalées en 2017, l’une sur la baie Orientale et l’autre près de la Samanna, à Baie Longue. Irma a bien entendu eu un impact sur le suivi des pontes, qui s’est arrêté net le 6 septembre, le quotidien des écovolontaires s’étant brusquement beaucoup compliqué. Pour la première fois depuis son lancement en 2009, le suivi déplore trois mois d’observation en moins. La saison de ponte 2018 sera très intéressante à suivre et la Réserve fera une nouvelle fois appel aux bonnes volontés

Le site BioHab de Petites Cayes en juin 2017 | The BioHab site at Petites Cayes in June 2017
Le site BioHab de Petites Cayes en juin 2017 | The BioHab site at Petites Cayes in June 2017

Il ne reste qu’une vingtaine de parpaings sur les quelque 300 utilisés par la Réserve pour construire les neuf structures des habitats artificiels “BioHab” implantés au large de Petites Cayes, après le passage d’Irma! Où sont passés les 280 autres blocs de béton? Des investigations complémentaires seront menées lorsque la mer sera de nouveau calme et limpide, mais pour Julien Chalifour, en charge du pôle scientifique, ce phénomène reste difficile à comprendre. À Pinel, en revanche, le récif artificiel moins exposé à la houle a subi, mais a tenu face aux éléments, malgré la faible profondeur de son site d’implantation.

Le même site de cornes de cerf avant et après Irma, au sud de la baie orientale The same site of Staghorn coral, to the south of Orient Bay, before and after Irma
Le même site de cornes de cerf avant et après Irma, au sud de la baie orientale The same site of Staghorn coral, to the south of Orient Bay, before and after Irma

Depuis novembre, la turbidité de l’eau de mer chargée en sédiments et la houle souvent forte rendent les plongées difficiles et il reste à la Réserve de nombreux sites à évaluer après Irma. Le cyclone a toutefois gravement sévi sur deux sites localisés il y a quelques années en raison de leur densité intéressante en coraux cornes d’élan (Acropora palmata) et cornes de cerf (Acropora cervicornis). La majorité des branches de ces coraux ont été cassées et il ne reste que les souches des colonies, alors qu’une multitude de fragments de corail jonchent le sol. Ces deux sites - la baie de North Cove à Tintamare et la pointe rocheuse située au sud de la baie Orientale - représentaient un refuge pour ces deux espèces de coraux branchus en raison de la température plus fraîche de leurs eaux, régulièrement renouvelée par le mouvement des vagues.

Échasse d’Amérique - The black-neck stilt
Échasse d’Amérique - The black-neck stilt

Où sont passés les oiseaux? La Réserve naturelle se posait déjà cette question au lendemain du passage d’Irma et n’a pas la réponse. Le suivi scientifique opéré en novembre et en décembre par Caroline Fleury et Ashley Daniel a mis en évidence la présence d’environ un tiers seulement des effectifs habituellement présents les années précédentes. Exemple : entre 164 et 372 échasses d’Amérique avaient été comptées chaque mois en 2016 alors que 65 individus ont été dénombrés en novembre 2017 et seulement 9 en décembre. Du côté des anatidés, parmi lesquels le canard des Bahamas, 102 individus de cette espèce avaient été repérés en décembre 2016 et seulement 43 à la même période cette année. Le niveau d’eau très élevé, notamment à l’étang Guichard, explique en revanche la raréfaction des petits échassiers, tels les chevaliers et les pluviers. L’étang Guichard a toutefois offert un lot de consolation à l’équipe, avec la présence le même jour de décembre de trois espèces assez rares : un canard souchet, un couple de canards pilet et deux fuligules à tête noire.

L’équipe prête à poser une balise - The team ready to place a satellite beacon © Agence de l’environnement de Saint-Barth
L’équipe prête à poser une balise - The team ready to place a satellite beacon © Agence de l’environnement de Saint-Barth

L’objectif de la mission Megara est de renforcer les connaissances sur les baleines à bosse, dans tous les domaines. Cette année encore, du 13 au 18 mars, la Réserve naturelle de Saint-Marin a coordonné Megara avec l’association Megaptera, présidée par Michel Vély, l’Agence territoriale de l’environnement de Saint-Barthélemy, l’association Mon école, ma baleine et le soutien du gouvernement d’Anguilla, qui a facilité l’obtention des autorisations pour la prospection sur son territoire marin. Ces cinq jours de mission ont réuni à bord d’un catamaran une quinzaine de participants dans les eaux de Saint-Martin, Anguilla et Saint-Barth. Bilan : 25 écoutes sous-marines dont 60% positives et 9 observations visuelles, permettant ainsi la localisation de 33 grands dauphins et 18 baleines à bosses. En dépit de l’état de la mer, agité, l’équipe à bord du canot semi-rigide a tout de même pu procéder à la pose d’une balise satellite - hélas restée muette - et au prélèvement de deux échantillons de peau, précieusement conservés au congélateur en attendant leur envoi vers l’Université de Groningen et sa base de données de plus de 8 500 biopsies pratiquées sur des baleines à bosse de l’Atlantique. La multiplication des missions Megara permet de capitaliser les données, les photos, les observations et les prélèvements ADN, qui restent restreints dans les Antilles françaises. Mais les premiers résultats laissent entendre que “nos” baleines sont en relation avec des populations également observées au sein des eaux du Cap Vert. Et le public pourra partager cette aventure grâce au travail d’un vidéaste embarqué à bord !

Herbier - Plant beds © Julien Chalifour
Herbier - Plant beds © Julien Chalifour

L’atelier - The workshop © Julien Chalifour

Mettre en commun les expériences. Et savoir ainsi ce qui se fait ailleurs. Mais aussi harmoniser les méthodologies et identifier les indicateurs. Cette démarche scientifique a été adoptée du 4 au 10 avril 2017 en Martinique, à l’occasion d’un atelier organisé par l’IFRECOR et des services en charge de l’application de la Directive Cadre sur l’Eau européenne, au sujet des récifs coralliens et des herbiers de phanérogames marines. Le but était bien évidemment de mieux connaître ces écosystèmes fragiles, afin de mieux les protéger. Julien Chalifour, en charge du pôle scientifique de la Réserve de Saint-Martin, a échangé avec ses pairs de la Caraïbe française, de l’Océan Indien et même du Pacifique - la Nouvelle-Calédonie était là - mais aussi avec des représentants du Global Coral Reef Monitoring Network (GCRMN), de l’IFRECOR, du ministère de l’Environnement, des services de l’État et de bureaux d’études intervenant pour le compte de l’État. Cette démarche tend à harmoniser les protocoles de collecte d’information, à concentrer toutes les données de suivi et permettre ainsi une meilleure prise en compte de l’état de santé des récifs et des herbiers à diverses échelles.

Fanny Kerninon, interlocutrice IFRECOR pour le suivi de l’état de santé des herbiers en outre-mer, débute une thèse dont l’objectif est de produire une boîte à outils “suivi des herbiers”. Elle a réalisé sa première mission dans le cadre de cette thèse à Saint-Martin où, avec le concours des agents de la Réserve, elle a lancé le protocole sur trois stations : le lagon de Tintamare, la baie du Galion à proximité de l’étang aux Poissons et enfin au Rocher Créole, station historique où la Réserve naturelle a m
Fanny Kerninon, interlocutrice IFRECOR pour le suivi de l’état de santé des herbiers en outre-mer, débute une thèse dont l’objectif est de produire une boîte à outils “suivi des herbiers”. Elle a réalisé sa première mission dans le cadre de cette thèse à

Fanny Kerninon, interlocutrice IFRECOR pour le suivi de l’état de santé des herbiers en outre-mer, débute une thèse dont l’objectif est de produire une boîte à outils “suivi des herbiers”. Elle a réalisé sa première mission dans le cadre de cette thèse à Saint-Martin où, avec le concours des agents de la Réserve, elle a lancé le protocole sur trois stations : le lagon de Tintamare, la baie du Galion à proximité de l’étang aux Poissons et enfin au Rocher Créole, station historique où la Réserve naturelle a mis en place un suivi scientifique depuis 2009. Trois plongées ont été réalisées sur chaque station, avec l’observation de plusieurs paramètres sur un couloir de 50 mètres de long : nombre de pieds d’herbier et présence éventuelle de fleurs, d’algues ou de différentes espèces d’animaux. Également, des sédiments et de l’eau ont été prélevés. La thésarde prévoit de rassembler toutes les connaissances disponibles et de tester le protocole standard, qu’elle contribue à améliorer.

Baleine à bosse dans le canal d’Anguilla | Humpback whale between Saint Martin and Anguilla © Julien Chalifour
Baleine à bosse dans le canal d’Anguilla © Julien Chalifour

La troisième mission scientifique MEGARA s’est déroulée du 13 au 17 mars et a permis la pose d’une balise Argos dans le tissu graisseux d’une baleine à bosse et deux prélèvements de peau. Contrairement aux balises posées en 2014, cette dernière balise n’émet pas pour le moment.

Les échantillons de peau permettront de déterminer l’origine de chaque individu. Ils seront comparés par le Dr Palsboll de l’Université néerlandaise de Groningen, à une base de données de plus de 8500 échantillons prélevés sur des animaux dans l’Atlantique Nord, les résultats antérieurs laissant supposer que les baleines de Saint-Martin appartiendraient à un groupe également localisé au large du Cap Vert. La forte houle générée par le vent a rendu les conditions de navigation difficiles, mais a tout de même donné lieu à l’observation d’une petite dizaine de baleines à bosse, dont deux baleineaux. Ces observations ont eu lieu depuis le catamaran utilisé comme base, et les approches depuis le bateau semi-rigide de la Réserve naturelle. Elles ont été principalement faites autour de Tintamare et d’Anguilla. Des écoutes sous-marines à l’aide d’un hydrophone ont permis d’intéressants relevés acoustiques, confirmant que les baleines à bosse ne sont pas seulement de passage dans les Iles du Nord, mais viennent s’y reproduire, comme l’indiquent les chants des mâles. La Réserve naturelle a organisé cette mission avec le soutien technique de l’association Megaptera et la participation d’Olivier Raynaud et Claire Delubria, de l’Agence territoriale de l’environnement de Saint-Barthélemy. Michel Vély, président de Megaptera, se réjouit d’être depuis peu basé à Saint-Martin. «Cette proximité va nous permettre de développer des projets sur d’autres espèces de mammifères marins, tout au long de l’année, d’améliorer nos connaissances et de donner la possibilité au public den apprendre davantage sur ces animaux,» nous dit-il, en souhaitant tout particulièrement travailler en synergie avec l’association «Mon école, ma baleine», qui pourra organiser des sorties en mer avec les scolaires. Bonne nouvelle, une conférence sera prochainement organisée par la Réserve et permettra au public de découvrir le très beau film de 33 minutes réalisé par Jérôme Grenèche lors de la mission Megara 2014, dans les Îles du Nord.

L’enregistreur de la NOAA © Julien Chalifour

Quelque part dans les eaux de la Réserve naturelle, à une quinzaine de mètres de profondeur, un micro enregistre tous les sons sous-marins.

Et il y en a beaucoup. Les bruits naturels émis par les crevettes, les poissons ou les mammifères marins - principales espèces concernées par cette expérience - mais aussi la pollution sonore dont l’Homme est à l’origine, comme les bruits de moteurs ou ceux liés à la prospection sismique. Cet enregistreur acoustique autonome se déclenche toutes les quatre heures et enregistre pendant une heure tous les décibels qui passent à sa portée. Il a été installé en décembre 2016 par trois chercheurs américains de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) et un chercheur de l’Université de Floride, qui ont mis en place davantage de ces dispositifs dans les autres îles de la Caraïbe française. Ces quatre scientifiques travaillent dans le cadre d’une mission de suivi des baleines à bosse et autres mammifères marins baptisée CHAMP, pour «Caribbean Humpback Acoustic Monitoring Program». Une fois ces enregistreurs récupérés, l’analyse de leurs données permettra de déterminer les espèces de mammifères marins entendues en fonction de la fréquence et de la signature des sons captés. En ce qui concerne les baleines à bosse, il sera même éventuellement possible de distinguer le nombre d’individus chanteurs, chacun disposant d’un cachet personnel au sein du refrain commun, qui lui-même change chaque année.

Le sanctuaire Agoa de protection des mammifères marins dans la Caraïbe française a également confié à la Réserve naturelle un autre enregistreur acoustique autonome, très spécifique, puisqu’il ne se déclenche que lorsqu’il perçoit l’un des nombreux sons émis par les dauphins. L’appareil a été immergé à une dizaine de mètres de profondeur, sur une ligne de mouillage, les dauphins nageant souvent tout près de la surface de la mer. Cette expérience permettra de connaître un peu mieux l’une des rares populations de mammifères marins qui résident à l’année dans les eaux de la Réserve naturelle. À noter : ces deux études se déroulent sans générer de dérangement aux animaux.
Aigrette tricolore | Tricolor Egret © Caroline Fleury
Aigrette tricolore © Caroline Fleury

1250 oiseaux - dont 340 échasses d’Amérique ! - ont été observés en seulement deux matinées en avril 2016 sur neuf des étangs de l’île.

Ces données ont été collectées au cours de la campagne annuelle de suivi des étangs et des oiseaux qui les fréquentent, assurée par Caroline Fleury et Ashley Daniel. Un grand nombre de ces oiseaux migrent en automne depuis l’Amérique du Nord et repartent au printemps vers ces latitudes septentrionales, dont certaines sont à plus de 6000 kilomètres de chez nous. Une quarantaine d’espèces de limicoles - ces petits échassiers qui fouillent de leur bec la vase des étangs pour y trouver leur nourriture - a été observée, mais également le canard des Bahamas, seul anatidé à résider à l’année sur l’île, contrairement aux quatre autres espèces présentes en hiver : sarcelle à ailes bleues, sarcelle d’hiver, érismature rousse et morillon à collier. Le suivi scientifique de ces oiseaux a réservé quelques belles surprises, avec l’observation d’espèces rares, comme un canard d’Amérique, une bécassine de Wilson, un combattant varié et une harle couronnée. La vie de ces oiseaux est étroitement liée à celle des étangs, toujours surveillés de près par la Réserve naturelle. Des photos sont prises à intervalles réguliers afin d’enregistrer toute variation - défrichement, remblai, hauteur d’eau, couleur de l’eau...- et des limnimètres installés à l’étang de Chevrise, l’étang Guichard, l’étang de Grand-Case et la mare Lucas, à Oyster Pond, permettent d’enregistrer les variations de hauteur de l’eau.

La protection des nids et des oeufs de tous ces oiseaux est essentielle, ce qu’ignorent parfois les enfants, comme ceux signalés s’amusant à casser des oeufs autour de l’étang de la Barrière. Résultat : seuls deux oisillons ont été observés par la Réserve à la période des éclosions sur cet étang. Pour rappel, la divagation des animaux domestiques est interdite aux abords de ces zones humides protégés par arrêté de protection du biotope, dans l’objectif de préserver la quiétude de ces zones de reproduction privilégiées pour l’avifaune.

Vérification de la hauteur de l’eau | Checking of the water height © Ashley Daniel

L’étang de Chevrise | Chevrise pond

Un requin nourrice A nurse shark © Julien Chalifour
Un requin nourrice A nurse shark © Julien Chalifour

Pourquoi les requins nourrices se regroupent- ils en grand nombre tous les étés, particulièrement au Galion, mais aussi à Caye Verte ou dans la baie blanche de Tintamare?

Nicolas Boudin, étudiant en DEUST «Technicien de la mer et du littoral» à l’université du littoral Côte d’Opale à Calais, stagiaire au sein du Réseau requins des Antilles françaises, coordonné et animé par l’association Kap Natirel, a consacré les quatre mois de son stage à la Réserve naturelle à cette question. Grâce à la pose de caméras sous-marines, il a pu déterminer que seules des femelles en gestation étaient présentes sur les sites étudiés. Ces derniers ont en commun le fait d’abriter des zones d’eaux chaudes et peu profondes pouvant jouer un rôle dans le déroulement de la gestation. Pourquoi? La question reste posée. On sait simplement que la femelle du requin nourrice, ovovivipare, expulse ses petits et s’éloigne immédiatement, pour éviter de les dévorer tout cru. Les femelles adoptent généralement un comportement visant à protéger leurs petits en les libérant au sein de zones peu fréquentées par les adultes et en cessant tout comportement d’alimentation.

Le site de Chico Chico diving site © Julien Chalifour
Le site de Chico Chico diving site © Julien Chalifour

Since 2007, the Réserve Naturelle has continued its annual scientific study of the reefs and plant beds.

This year that activity took place on October 4-6, 2016. An agent of the Réserve Naturelle of Petite-Terre and another from the Réserve Marine in Saint Barth were present in order to help the team from Saint Martin collect underwater data on such sites as Rocher Créole, Pinel, and Tintamare, as well as outside of the Réserve, at the Fish Pot site in the Anguilla Channel. The data is currently being analyzed. As part of this underwater collaboration project, Steeve Ruillet went to lend a hand in Petite-Terre on September 19-21 and Julien Chalifour was in Saint Barth on September 26-28. The goal of this scientific study of the marine milieu within the Réserve Naturelle is to document the evolution of the condition of the coral communities and plant beds.

Une tortue verte sur l’herbier de Tintamare A green sea turtle in the Tintamare plant bed © Julien Chalifour
Une tortue verte sur l’herbier de Tintamare A green sea turtle in the Tintamare plant bed © Julien Chalifour

Déjà fragilisé par l’usage des ancres, le gardemanger de nos chères tortues vertes est depuis ces dernières années envahi par une espèce introduite, qui fait l’objet d’une étroite surveillance.

Trois scientifiques américains, dont le Docteur Jeremy Kizska, étaient présents du 6 au 12 novembre à Saint-Martin, pour travailler sur les interactions entre tortues vertes, qui se nourrissent sur les herbiers, et Halophila stipulacea. Cette espèce invasive a été introduite par l’intermédiaire des ancres et des eaux de ballastes de bateaux et grignote peu à peu de l’espace dans l’herbier sous-marin, où elle entre en compétition avec Syringodium et Thalassia, les deux espèces natives. Originaires de l’Université internationale de Floride, ils ont été reçus par la Réserve naturelle, qui a elle-même mené une étude sur cette espèce en 2014. Les trois universitaires planifient leur mission sur deux ans et seront de retour prochainement sur notre île. Ils cherchent à estimer la densité des tortues vertes et à étudier leur comportement alimentaire au sein des zones d’herbier ciblées. En clair : comment réagissent les tortues face à l’installation de cette nouvelle espèce? Leur intention est d’équiper certaines tortues de GPS et de caméras sous-marines, afin de savoir ce qu’elles choisissent comme aliment, si elles les choisissent, ou si elles ont plus tendance à happer ce qui passe à leur portée. Ils attendent l’autorisation de la DEAL pour prélever divers échantillons sur les tortues, afin de mieux connaître leur régime alimentaire grâce aux analyses isotopiques. À Tintamare, ils ont pour l’heure échantillonné l’herbier pour le cartographier, et ont procédé au comptage des tortues présentes à différentes heures de la journée.

Scaevola taccada
Scaevola taccada

Du 16 au 29 mai, la Réserve a accueilli Karl Questel

Garde pour l’agence de l’environnement de Saint-Barth. Renommé pour ses connaissances en matière de faune et de flore tropicales, il est venu prêter main-forte à Caroline Fleury dans sa mission d’inventaire floristique et faunistique de la partie terrestre de la Réserve de Saint-Martin. Au cours de cette mission de deux semaines, tous deux ont identifié toutes les espèces rencontrées, qu’elles soient natives, endémiques, introduites ou invasives. Chaque espèce fait à présent l’objet d’une fiche, qui comporte son nom vernaculaire (commun), son nom scientifique (en latin), sa photo et son descriptif. Sur le sentier des Froussards par exemple, entre l’Anse Marcel et Cul-de-Sac, 211 espèces floristiques et 103 espèces animales cohabitent, dont le plus grand nombre sont des insectes. Les espèces endémiques - présentes naturellement sur le territoire - ont bénéficié d’une attention particulière, dans l’objectif de leur préservation, tout comme les espèces invasives, dans l’objectif cette fois de leur contrôle, voire de leur éradication. Ainsi, un seul buisson de scaevola taccada a été repéré à Pinel et pourra être déraciné. Appelé «manioc bord de mer» à La Réunion, il est originaire des côtes indopacifiques et tend à envahir les côtes de la Caraïbe et de Floride, où il s’applique à supplanter sa cousine endémique, scaevola plumieri. Ils ont passé une nuit à Tintamare, pour identifier les espèces nocturnes : en priorité les insectes - papillons, sauterelles, fourmis... - mais aussi les autres espèces, parmi lesquelles les crabes et les oiseaux. La Réserve naturelle a pris en charge le séjour de Karl Questel à Saint-Martin, dans le cadre du compagnonnage entre les deux îles. Merci Saint-Barth! Scaevola taccada

Requin nourrice | Nurse shark
Requin nourrice | Nurse shark

Nicolas Boudin, 20 ans et étudiant en DEUST «Technicien de la mer et du littoral» à l’université du littoral Côte d’Opale à Calais, cherche à savoir pourquoi les requins nourrices se regroupent en grand nombre tous les étés,

particulièrement au Galion, mais aussi à Caye Verte ou dans la baie blanche de Tintamare. Ces mystérieuses agrégations ont lieu entre la mi-juillet et le mois de septembre et la pose de caméras sous-marines permettra certainement d’enrichir les connaissances sur cette espèce. Rappelons que l’homme est le principal prédateur du requin nourrice - ou dormeur - qui se nourrit de petits poissons, de calmars et de crustacés. En stage du 30 mai au 28 septembre 2016, Nicolas a d’abord élaboré un protocole de suivi, indispensable étape avant l’étude sur le terrain. Il est stagiaire au sein du Réseau requins des Antilles françaises, coordonné et animé par l’association Kap Natirel.

Vestiges d’un phare à Caye Verte | Ruins of a lighthouse on Green Cay
Vestiges d’un phare à Caye Verte | Ruins of a lighthouse on Green Cay

Quel est le patrimoine de Saint-Martin en matière de bâti historique?

Nous en aurons prochainement une meilleure idée, dès que la Collectivité rendra public l’inventaire qu’elle mène sur tout le territoire. Caroline Fleury, en poste au pôle scientifique de la Réserve depuis février 2015, a guidé Élisabeth Dandel, historienne de l’art, et Michèle Robin-Clerc, architecte urbaniste expert, sur deux sites, à Tintamare et Caye Verte, en présence de Christophe Hénocq, chargé des activités pédagogiques et du patrimoine des Archives territoriales, co-coordinateur de cette mission avec Stéphanie Dargaud, directrice de ce même service. Les deux spécialistes ont pris des photos, fait des croquis et pris des mesures de ces deux constructions, témoins du passé historique de Saint-Martin

 

Aperçu de l’Institut caribéen de la biodiversité insulaire
Aperçu de l’Institut caribéen de la biodiversité insulaire | A speak peek of the Caribbean Institute for Insular Biodiversity

Le cabinet d’architecture Véronique Descharrières a été choisi parmi les trois cabinets sélectionnés à la suite du concours lancé l’année dernière pour réaliser le projet d’Institut caribéen de la biodiversité.

Ce cabinet a entre autres réaménagé le Parc zoologique de Paris-Vincennes, un travail qui a donné lieu à la conception de six zones représentatives des écosystèmes de la planète. L’avant-projet proposé et retenu pour l’Institut présente plusieurs intérêts majeurs, dont une bonne maîtrise des coûts d’investissement et de fonctionnement, une structure en béton sur pilotis - atout supplémentaire sur un territoire soumis aux aléas cycloniques et sismiques - ainsi qu’une excellente isolation thermique. L’étude de l’ensemble du projet va continuer tout au long de l’année 2016, jusqu’au dépôt du permis de construire. Il va s’agir de définir les détails du futur Institut, qui abritera les différents pôles de la Réserve - gouvernance, administration, logistique, scientifique - l’antenne du Conservatoire du littoral, ainsi qu’un pôle universitaire. Une attention toute particulière sera accordée à la scénographie qui sera présentée au public. Un aquarium est prévu, ainsi qu’un auditorium et des pavillons dédiés aux espèces marines et terrestres, dans un environnement ludique et pédagogique. La Réserve naturelle continuera de bénéficier de l’appui de l’État jusqu’à la fin des études opérationnelles, au travers du contrat de développement.

The Nature Foundation in the field
La Nature Foundation sur le terrain

Comme la Réserve naturelle de Saint-Martin, la Nature Foundation de Sint Maarten s’intéresse aux différentes espèces de requins présentes autour de Saint-Martin.

Dans le cadre du programme néerlandais «Save our sharks», deux étudiants en stage à la Nature Foundation, encadrés par le bureau d’études IMARES, ont travaillé à la mise en oeuvre de l’inventaire des espèces de requins fréquentant les eaux des deux parties de l’île. Cette mission a complété l’échantillonnage existant avec l’observation de nouvelles espèces sur de nouvelles zones. Sur la partie française, en collaboration avec le pôle scientifique de la Réserve, de nouvelles espèces au stade juvénile ont pu être observées, confirmant le rôle de nursery des eaux côtières.

Marking a juvenile shark
Marquage d’un requin juvénile

Océane Beaufort a effectué une quatrième mission à Saint-Martin du 16 au 21 novembre 2015,

toujours en collaboration avec le pôle scientifique de la Réserve naturelle dans le cadre de la mission Negaprion. Cette spécialiste des requins était de retour du Panama, où elle a participé à un colloque scientifique du Gulf and Caribbean Fishing Institute, au cours duquel une session a été consacrée au suivi scientifique des requins et des raies. À Saint-Martin, il s’est agi de faire le tour des sites déjà identifiés comme zones de nursery pour les requins citrons, mais surtout d’observer la présence de juvéniles de requins dans une zone déjà observée précédemment, ainsi que la présence de juvéniles de raies léopards.

An archeologist at work
Un archéologue au travail

Saviez-vous que Saint-Martin recèle plus d’une vingtaine de grottes et cavités, dont cinq sur l’îlet de Tintamare?

Ces espaces cachés sont le plus souvent peu fréquentés, une caractéristique qu’apprécient les archéologues. Ils y ont en effet plus de chances qu’ailleurs d’y découvrir les éventuels indices de présence humaine ou animale accumulés au fil du temps et d’en dater les couches successives. C’est ainsi qu’une équipe de chercheurs spécialisés en archéologie est venue faire une inspection des cavités et des surplombs naturels fin février 2016. Originaires de Montpellier et de Guadeloupe, ces universitaires n’ont pas été déçus. Ils ont fait d’intéressantes découvertes et ont même complété l’inventaire des cavités existantes. Un rapport est en cours, mais chut! Le secret est essentiel pour la préservation de ces espaces mystérieux.

Camille Morin participated in «Reef Check»
Camille Morin a participé au «Reef Check»

Camille Morin, en stage à la Réserve naturelle entre novembre 2015 et février 2016, accomplit plusieurs stages pendant l’année de césure prévue par son école d’ingénieur en agronomie de Bordeaux

et a contribué à traiter et valoriser les données du suivi de l’état de santé des récifs et des herbiers dans et en dehors de la Réserve. Ce document, créé en 2008, répertorie la présence de la flore et la faune marines sur les stations étudiées - coraux, éponges, algues, gorgones, oursins, poissons, mollusques, herbiers... - ainsi que leur état de santé. Ce suivi s’affine et se renforce au fil du temps et l’on est passé de deux à six stations au total, à l’intérieur et hors des limites de la Réserve. La jeune étudiante a également participé au «Reef Check», le suivi mondial annuel des récifs coralliens, soutenu par la Quiksilver Foundation et qui permet d’avoir une vision internationale de leur évolution. Là encore, trois nouvelles stations - à Caye Verte, sur le sentier sous-marin de Pinel et au Rocher Créole - se sont ajoutées à la première station, mise en place à Saint-Martin en avril 2008 sur le spot de surf du Galion. L’intérêt particulier de tous ces sites est qu’ils sont gérés par La Réserve naturelle et régulièrement fréquentés par le public.

Maxence Morel

Maxence Morel, étudiant en master 2 à l’université de Corte, étudie la gestion intégrée du littoral et des écosystèmes.

En stage à la Réserve naturelle de février à juillet 2016, il se consacre à l’étude des cactus et du gaïac, sous la supervision de Caroline Fleury. Sa mission est de cartographier ces espèces protégées, mais également de mettre à jour l’état de santé du Melocactus intortus sur les sites de Cactus Place et de Babit Point, ce cactus étant menacée depuis 2011 par la chenille Cactoblastis et son papillon. Ce lépidoptère, présent à Saint-Barthélemy où il a fait des ravages, a été importé en 1957 à Nevis. L’étudiant a recensé les trois quarts des cactus de Tintamare et son travail a permis d’identifier Opuntia rubescens, une espèce de cactus protégée dont on ignorait jusque-là la présence sur l’îlet. À Tintamare toujours, notamment sur les falaises mais aussi autour de North Cove, il a déjà recensé plus d’une centaine de gaïacs, que l’on trouve à Saint-Martin uniquement sur les hauteurs non aménagées.

Le cactus Opuntia rubescens

This turtle had numerous tumors due to a herpes virus.
Cette tortue présente de nombreuses tumeurs dues à un herpès virus

Alerté par un riverain de la baie de Cul-de-Sac, les agents de la Réserve ont récupéré le cadavre d’une tortue verte échouée sur la plage.

L’animal présentait de nombreuses tumeurs, typiques de la fibropapillomatose. Cet herpès virus, originellement connu dans les eaux de Tahiti, touche à présent les tortues du monde entier. L’occurrence de cette maladie, normalement non transmissible à l’homme, souligne l’importance de ne pas toucher les tortues, notamment pour ne pas favoriser la transmission du virus d’un individu à l’autre. La Réserve est en charge du réseau local d’échouage des tortues marines et des mammifères marins et invite les témoins à lui signaler les échouages ou lui transmettre toute information au 06 90 34 77 10 ou science@rnsm.org.

Les éponges constituent la plus grande partie des récifs coralliens de la Caraïbe © Julien Chalifour
Les éponges constituent la plus grande partie des récifs coralliens de la Caraïbe © Julien Chalifour

La mission Pacotilles, dont l’objectif a été la collecte de coraux, d’éponges, d’algues et de petits crustacés à l’échelle de l’arc antillais et donc à Saint-Martin, afin d’améliorer la connaissance sur la biodiversité des fonds marins dans les Petites Antilles, s’est déroulée en deux phases. La seconde phase a eu lieu les 26 et 27 mai, avec la participation de scientifiques principalement intéressés par les éponges, qui constituent la plus grande partie des récifs coralliens de la Caraïbe - contrairement aux récifs du Pacifique et de l’Océan Indien, majoritairement constitués de coraux. Inscrites au menu des tortues imbriquées et des poissonsanges, certaines de ces éponges tendent à se développer dans la pénombre, dans les anfractuosités du récif, où elles sont moins prédatées. À leur surprise, ces scientifiques ont constaté l’absence à Saint-Martin d’espèces d’éponges très présentes en Guadeloupe et a contrario une grande abondance d’éponges calcaires, de plus grande taille que leurs soeurs guadeloupéennes et martiniquaises. Les chercheurs ont procédé à des relevés de terrain, pris des photos, prélevé des échantillons et leurs analyses devraient permettre d’expliquer ces différences et peut-être de révéler la présence d’espèces encore inconnues, les espèces d’éponges se comptant par milliers. La Réserve naturelle, qui avait répondu favorablement à la demande d’autorisation de plongée et d’inventaire des responsables de la mission Pacotilles, sera informée des résultats, qui donneront éventuellement lieu à la mise en place d’une protection accrue de certaines zones colonisées par ces espèces.

Les grandes missions d’inventaire scientifique sont rares, surtout dans le cas d’espèces relativement peu étudiées, comme c’est le cas pour les éponges. Elles suscitent depuis peu l’intérêt croissant de l’industrie pharmaceutique, dans la mesure où certaines de leurs molécules pourraient bloquer l’apparition de maladies.
© Océane Beaufort
© Océane Beaufort

La troisième session du programme Negara - comme Negaprion, nom scientifique du requin citron - s’est déroulée du 18 au 23 mai 2015, toujours sous la responsabilité d’Océane Beaufort, spécialiste de ce grand poisson cartilagineux couramment observé le long des plages au stade juvénile et le plus en contact avec les baigneurs. Une équipe de la Réserve naturelle et la jeune scientifique ont mis le cap sur le lagon de Tintamare, au sud de l’îlot, où ils ont testé une senne acquise par la Réserve naturelle, dans le but de capturer sans les blesser les requins citron. Cette technique moins agressive que la pêche à l’hameçon est toutefois difficilement praticable dans les zones rocheuses ou en présence de sargasses. Un seul individu a pu être capturé et a été marqué deux fois : à l’aileron avec un tag et sous la peau à l’aide d’une puce. La raison de l’absence des requins citron juvéniles marqués sur ce site en 2014 reste mystérieuse. Ont-ils migré ? Ont-ils été victime de Gonzalo ? D’un prédateur ? L’intérêt de ce marquage réside dans le fait qu’il devrait permettre d’apporter des réponses aux nombreuses questions que se posent les scientifiques sur cette espèce mal connue.

Green turtle equipped with a beacon and an antenna © Julien Chalifour
Green turtle equipped with a beacon and an antenna © Julien Chalifour

Quatre tortues vertes ont été capturées dans la baie Blanche de Tintamare - puis relâchées - dans le cadre de l’opération Sea- Tag, du 14 au 16 juin 2015. Ce projet, financé par l’Europe, la Région Guadeloupe, la DEAL, le fonds Biome et la Fondation EDF a pour objectif d’améliorer la connaissance sur les tortues vertes dans l’archipel guadeloupéen. Éric Delcroix, chargé de mission pour la Réserve naturelle de Petite-Terre, était là, aux côtés d’Antoine Chabrolle, en charge du plan de restauration des tortues marines à l’ONCFS, ainsi que d’Océane Beaufort et de Caroline Cestor- Magro, de l’association Kap Natirel. Les quatre tortues vertes évoluaient sur leur aire d’alimentation au moment de leur capture, et n’étaient donc pas en phase de reproduction. Elles ont été mesurées, baguées et surtout deux d’entre elles ont été équipées d’une balise Argos très évoluée. Ce suivi satellitaire mémorise non seulement leurs déplacements et les zones qu’elles fréquentent, mais renseigne aussi sur le nombre de leurs plongées, leurs durées et à quelle profondeur elles se déroulent. Ces informations sont disponibles en permanence sur le site seaturtle. org, en entrant le nom de l’animal dans la case «animal finder». Le Pôle scientifique de la Réserve naturelle est intéressée par toutes les photos de Sasha et Joe – très reconnaissables grâce à leurs balises rouges – à envoyer sur science@rnsm.org. Merci de veiller à ne pas trop harceler ces deux individus et à surtout ne pas endommager le dispositif fixé sur leur dos (la balise et son antenne), afin qu’ils continuent de nous renseigner sur leurs habitudes de vie au cours des sept prochains mois.

La trentaine d’écovolontaires participant au suivi annuel des pontes de tortues se sont retrouvés sur la plage de Baie Longue pour une sortie nocturne, le 26 août de 20h00 à 0h30. L’équipe a pu observer trois tortues vertes, dont deux sont rapidement retournées à la mer. La troisième a commencé de creuser son nid, avant de changer d’avis et de rejoindre les flots. Les écovolontaires du secteur ont relevé 80 traces de tortues à Baie Longue en août 2015, et 39 en juillet. Rappelons que la saison des pontes s’étend de mars à novembre et qu’il faut veiller à ne pas déranger ces animaux durant cette période.
Caroline Fleury et un iguane des Petites Antilles (Iguana Delicatissima) | Caroline Fleury holding an iguana (Iguana Delicatissima)
Caroline Fleury et un iguane des Petites Antilles (Iguana Delicatissima) | Caroline Fleury holding an iguana (Iguana Delicatissima)

Caroline Fleury, en poste au pôle scientifique de la Réserve depuis février 2015, a prêté main-forte à La Désirade, à l’occasion du suivi annuel de la population d’iguanes des Petites Antilles (Iguana delicatissima), du 6 au 10 juin 2015. Cette expérience lui a permis de se familiariser avec la capture, la manipulation et le marquage de cette espèce en voie de disparition. L’opération était coordonnée par l’association Le Gaïac et financée par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), référent pour tout ce qui concerne ce reptile dans les Antilles françaises..

L’équipe de Megara The Megara Team
L’équipe de Megara The Megara Team

Après avoir lancé la première mission Megara de suivi des baleines à bosses autour de Saint-Martin et des îles environnantes en mars 2014, la Réserve naturelle a donné le 23 mars 2015 le top départ de Megara 2015, soit 12 jours d’observation à la recherche des baleines à bosse. Les suivis de mammifères marins mis en place par la Réserve avec le soutien du sanctuaire Agoa, et plus spécialement les missions Megara dans les Iles du Nord, ont mis en évidence le fait que les baleines à bosse ne sont pas seulement de passage autour de nos îles. Les chants des mâles, l’observation de groupes de mâles poursuivant des femelles ainsi que la présence de femelles et de leurs baleineaux âgés de quelques jours indiquent que cet espace marin peut être une zone de reproduction et une nurserie pour ces grands mammifères. La belle surprise de cette expédition a été la diversité et le nombre de chants des mâles enregistrés par l’équipe de Megara, les meilleurs chanteurs cherchant à se faire valoir pour gagner le coeur de celles qui les choisiront pour l’accouplement. «Chaque année, les chants se renouvellent et ils sont cette saison relativement différents de ceux que nous avons entendus et enregistrés en 2014», remarque Julien Chalifour, en charge du pôle scientifique à la Réserve. «S’ils viennent du même endroit, les mâles vont adopter le même style de chants, et ces chants peuvent évoluer apparemment au fur et à mesure des rencontres entre les groupes», continue-t-il en précisant que chez les baleines à bosses, le premier au hit parade a les meilleures chances de reproduction. Parmi la quinzaine de participants à Megara 2015, outre l’équipe de la Réserve, on trouve Michel Vély, spécialiste des mammifères marins et président de l’association Megaptera, qui développe de nombreux programmes d’étude, de sensibilisation et de conservation des mammifères marins ; deux preneurs d’images et de son, mais aussi Olivier Halin, vidéaste et pilote de drone. Habitué des expéditions scientifiques, il a pu réaliser des images aériennes de grands dauphins à proximité des côtes de Tintamarre. Il va falloir maintenant traiter ces images et plus particulièrement trier les photos des nageoires caudales, dont les caractéristiques signent l’identité de chaque baleine à bosse, les entrer dans le catalogue créé l’année dernière par la Réserve et les partager avec les catalogues existants, dans la Caraïbe, mais aussi aux Etats-Unis, au Canada, en Islande, en Norvège…. Également, trois prélèvements de peau vont permettre de déterminer le sexe et l’origine de ces individus, leur régime alimentaire, mais aussi les éventuels polluants chimiques fixés dans leur organisme. Ces biopsies seront comparées par le Dr Per J. Palsboll, de l’Université néerlandaise de Groningen, à une base de données de plusieurs milliers d’échantillons prélevés sur des animaux dans l’Atlantique Nord. Elles permettront peut-être de découvrir quelles zones de l’Atlantique ont fréquentées ces grands mammifères actuellement à Saint-Martin.

Comme le précise son plan de gestion, la Réserve naturelle, qui travaille en étroite coopération avec l’Agence des aires marines protégées et le sanctuaire Agoa, s’est donnée pour mission d’approfondir ses connaissances des mammifères marins qui fréquentent les Iles du Nord, afin de mettre en place, sous l’égide du sanctuaire Agoa, les actions de gestion les mieux adaptées à la conservation de ces espèces emblématiques. Si vous aussi voulez participer, la Réserve vous invite à envoyer vos photos de nageoires caudales ou dorsales sur baleine@rnsm.org.
Renaud Dupuy de la Grandrive
Renaud Dupuy de la Grandrive

Saint-Martin et sa Réserve naturelle auront leur place dans le prochain livre de Renaud Dupuy de la Grandrive, photographe spécialiste du milieu marin et sous-marin, mais également directeur de l’Aire marine protégée du Cap d’Agde, zone écotouristique de 6500 hectares fréquentée par 250 000 touristes chaque été, soit dix fois le nombre de ses habitants. Venu prêter main-forte à la Réserve à l’occasion de la seconde mission Megara, au cours de laquelle il espère bien faire de beaux clichés, Renaud est l’auteur de deux livres illustrés, l’un sur le Cap d’Agde et l’autre sur le milieu marin méditerranéen. Son prochain opus voit large, puisqu’il va s’agir de présenter tous les «hotspots» de la biodiversité marine sur toute la planète…

La campagne Pacotilles a travaillé depuis ce bateau | Pacotilles worked from this boat
La campagne Pacotilles a travaillé depuis ce bateau | Pacotilles worked from this boat

La campagne Pacotilles, du 22 avril au 1er juin 2015, a eu pour mission la collecte de coraux, d’éponges, d’algues et de petits crustacés en Martinique, en Guadeloupe et à Saint-Martin. L’objectif de cet inventaire est d’améliorer la connaissance sur la biodiversité et la connectivité du benthos - ensemble des organismes aquatiques vivant à proximité du fond des mers et océans - dans les Petites Antilles, et la mission a été financée par l’Institut de recherche pour le développement (IRD), le CNRS et l’Agence des aires marines protégées. Tout prélèvement d’espèces étant légalement interdit sur son territoire, la Réserve naturelle a répondu favorablement à la demande d’autorisation de plongée et d’inventaire des responsables de la campagne Pacotilles, qui en retour lui fourniront un rapport sur le déroulement de la campagne et ses résultats.

Agoa : le partenariat se renforce

Bonne nouvelle pour les mammifères marins. Après avoir fait le bilan du travail effectué ces deux dernières années par la Réserve naturelle, l’Agence des aires marines protégées (AAMP), qui a signé une convention de partenariat dans le cadre du sanctuaire Agoa avec la Réserve, souhaite poursuivre cette collaboration. Cette décision a été prise par Pierre Leca, directeur adjoint de l’AAMP, où il dirige le département des parcs naturels marins. En visite dans notre région au mois d’avril 2015, l’objet de sa mission était de rencontrer l’ensemble des institutions et des personnalités membres du conseil de gestion d’Agoa, en Guadeloupe, en Martinique, à Saint- Barthélemy et à Saint-Martin. Accompagné de François Colas, le chef de l’antenne Antilles de l’AAMP, et d’Amandine Aynaudi, déléguée pour le sanctuaire Agoa, il s’est entretenu sur notre île avec la vice-présidente Ramona Connor à la Collectivité, le préfet Philippe Chopin et le député Daniel Gibbs. La séance de travail à la Réserve naturelle a été consacrée au prochain conseil de gestion d’Agoa, qui s’est tenu le 21 mai 2015 en Martinique.

End-of-year advisory committee meeting

Le comité consultatif de la Réserve naturelle s’est réuni le 17 décembre 2014 en préfecture afin, comme son nom l’indique, d’être consulté sur la bonne gouvernance et les projets de la Réserve. Au nom de Monsieur le Préfet, Matthieu Doligez, secrétaire général des services de l’Etat, a salué le travail accompli et a réaffirmé que la Réserve pourra compter sur l’appui de l’État et son accompagnement financier, notamment au cours de la mise en place de l’Institut de la Biodiversité. Ce projet qui bénéficie d’une convention de financement, dans le cadre du Contrat de développement entre la Collectivité et l’État, fait actuellement l’objet d’une étude de faisabilité, confiée au cabinet Polyprogramme. M. Doligez a précisé que l’État, avec le concours de l’Europe, envisageait également de soutenir d’autres idées portées par la Réserve, comme celle notamment de développer l’aquaculture. Le rapport des activités de la Réserve en 2014 a été présenté à l’assistance, invitée à formuler ses remarques. En réponse à Patricia Chance- Duzant, représentante du quartier n°2, qui déplore que les abords des étangs soient trop souvent pollués, Nicolas Maslach a rappelé que la mission de la Réserve s’exerçait uniquement sur les espaces officiellement protégés et que les rives des étangs relevaient de la compétence de la Collectivité. Ce point a ouvert la discussion sur la possibilité d’étendre les missions de la Réserve en dehors des espaces classés, en soutien et en complément des moyens de la Collectivité. Cette idée a reçu l’assentiment du vice-procureur Flavien Noailles, qui apprécie que les gardes usent avant tout de pédagogie et ne verbalisent qu’à bon escient..

Le scinque apprécie les murets de Tintamare
Le scinque apprécie les murets de Tintamare

Le scinque, ce lézard récemment redécouvert sur l’îlot Tintamare alors qu’on le croyait disparu, n’a pas fini de faire parler de lui. Du 10 au 15 novembre, une équipe de six membres de l’association guadeloupéenne Aeva, financée par l’État, a lancé à Tintamare le programme de caractérisation et de suivi de ce petit reptile, que l’on trouve également à la Désirade et à Petite-Terre. L’objectif principal de cette mission est de définir si les scinques présents sur ces trois territoires sont de la même espèce, l’isolement géographique rendant possible leur évolution très rapide. La description et les conditions de vie des populations de scinques est donc en cours d’étude : leur taille, la présence d’éventuelles signes de maladies, leur habitat, leurs prédateurs – ils sont potentiellement la proie des rats à Tintamare – leurs possibles difficultés à trouver les insectes dont ils s’alimentent… Tous ces paramètres vont permettre de mieux connaître cette population, d’expliquer sa présence et d’identifier les éléments pouvant constituer une menace. Le second objectif a consisté à capturer deux individus entiers (avec leur queue) qui vont servir d’étalons pour décrire l’espèce au Museum d’histoire naturelle. Plus récemment, du 14 au 21 décembre, les scinques de Tintamare ont accueilli Blair Hodges, professeur à l’Université de Pennsylvanie et LE spécialiste américain de cette espèce, accompagnée d’une autre professeure, dans le cadre de l’étude lancée par Aeva. Les deux scientifiques sont repartis avec un morceau de la queue d’un scinque, dont ils compareront l’ADN avec celui de deux scinques capturés à Tintamare et conservés dans leur université depuis plus de 30 ans. Détermineront-ils qu’il s’agit d’une nouvelle espèce? That is the question.

Taggage d’un requin citron . Tagging of a lemon shark
Taggage d’un requin citron . Tagging of a lemon shark

Lancé en juillet 2014, le programme Negara, comme Negaprion, nom scientifique du requin citron, a continué du 24 au 30 novembre 2014, toujours sous la responsabilité d’Océane Beaufort, spécialiste de ce grand poisson cartilagineux couramment observé le long des plages et le plus en contact avec les baigneurs. Financée cette fois par l’État et TEMEUM et coordonnée par l’association guadeloupéenne Kap Natirel, la mission a consisté à tester une nouvelle technique pour tenter de capturer de nouveaux spécimens, toujours au stade juvénile. Expérimentée sur le rivage de Tintamare, à l’embouchure de l’étang aux Poissons et à la pointe du Bluff, la capture au filet – qui génère un moindre risque de blessure sur l’animal – a permis la capture d’un seul individu, portant ainsi à 13 le nombre de requins citron pesés, mesurés et taggés dans la Réserve naturelle. Le passage récent du cyclone Gonzalo, une météo marine peu clémente et l’arrivage massif de sargasses n’a de toute évidence pas facilité le travail de l’équipe. Cette étude est appelée à s’élargir sur la vaste question des requins à Saint-Martin, dont on sait fort peu de choses. Quelles sont les interactions entre cet animal et les usagers de la mer? Faut-il adapter leur gestion? Une certitude : il est dangereux de générer des situations qui peuvent devenir des sources d’accident, comme le prouve la mésaventure survenue fin octobre à l’employée d’un club de plongée néerlandais, qui s’est fait arracher un morceau de mollet par un requin au cours d’une séance de nourrissage au large de Sint Maarten.

Schéma d’intention de l’Institut caribéen de la biodiversité insulaire
Schéma d’intention de l’Institut caribéen de la biodiversité insulaire

C’est officiel! La Réserve naturelle renforce son efficacité à Saint-Martin avec la création de l’Institut caribéen de la biodiversité insulaire. Le feu vert à cet innovant projet d’envergure a été donné fin juillet par la signature d’une convention de financement, dans le cadre du Contrat de développement entre la Collectivité et l’État. L’étude de faisabilité d’une durée de six mois démarrera en septembre et il faudra attendre la fin des travaux en 2017 pour inaugurer la structure. Cet ambitieux programme se présente sous la forme d’un pôle d’excellence en recherche, environnement et écotourisme. Sa vocation principale sera d’améliorer les connaissances sur les écosystèmes de notre île et leurs potentiels, avec une montée en puissance du Pôle scientifique de la Réserve et une intensification des échanges avec les universitaires de la Caraïbe et d’ailleurs. Il s’agira d’innover en matière de gestion des écosystèmes, de créer des filières de développement économique axées sur la pêche, l’aquaculture et l’agriculture et de mettre en place des formations liées à l’environnement: guide écotouristique à terre et en mer, police de la nature, métiers de la mer, optimisation des projets éco touristiques... L’Institut sera implanté sur un site privilégié, dans un cadre naturel cohérent avec les actions de la Réserve, tournées vers la mer et les étangs. On y trouvera les bureaux de la Réserve, mais surtout un musée vivant, avec un jardin tropical, des aquariums, un parcours pédestre et même un centre de soins pour les animaux blessés. L’idée sera que tous les écosystèmes de l’île y soient valorisés, pour une sensibilisation optimale du public : scolaires, habitants, touristes… Le bâti s’intégrera dans son environnement naturel et la préférence sera donnée aux techniques de construction environnementales les plus innovantes.

5,4 millions d’euros ont été attribués à la réalisation du projet dans le cadre du contrat de plan État - Collectivité. La création d’une dizaine d’emplois est envisagée et la Réserve a prévu une grande partie d’autofinancement pour son fonctionnement, grâce à l’ouverture au public, les expositions permanentes et temporaires, la mise à disposition d’un auditorium pour les conférences…

A young lemon shark, weighed, measured, tagged and released back into the sea
Un requin citron juvénile pesé, mesuré, tagué et remis à l’eau

Le requin fait peur. À Saint-Martin aussi, même si aucun accident n’a jamais été rapporté. Mais le mythe est plus fort que la réalité, surtout depuis la série d’attaques survenues à La Réunion. Afin de mieux connaître ce grand poisson cartilagineux et sensibiliser le public au travers d’une bonne information, la Réserve naturelle a lancé le programme Negara, comme Negaprion, nom scientifique du requin citron, espèce couramment observée le long des plages et la plus en contact avec les baigneurs. Le projet a été retenu par l’Ifrecor, qui en a financé la plus grande partie, la Réserve ayant mis ses moyens humains et logistiques à disposition. La mission s’est déroulée en juillet, en collaboration avec Océane Beaufort, scientifique riche d’une première expérience sur l’étude de la reproduction du requin citron dans la Réserve naturelle de Petite-Terre et en charge pour l’association Kap Natirel d’un réseau de suivi des requins, en ligne sur www.reguar.org. Les juvéniles passant leurs deux ou trois premières années non loin du rivage, afin de se protéger de leurs prédateurs, l’opération a consisté à repérer, appâter puis capturer plusieurs spécimens, à l’aide d’un hameçon démuni d’ardillon. Douze requins citron d’une longueur n’excédant pas 80 centimètres ont ainsi été pesés et mesurés, et un échantillon de leur peau prélevé afin d’analyser leur ADN, pour éventuellement mieux connaître leur provenance. Chaque animal a été marqué dans la nageoire dorsale avec un tag numéroté et d’une couleur correspondant à un site donné, avant de retourner à la mer. Le traitement des données est en cours et un rapport sera publié avant la fin de l’année 2014.Un requin citron juvénile pesé, mesuré, tagué et remis à l’eau

Si elle était étendue à d’autres îles, cette étude permettrait de mieux connaître le comportement des adultes de cette espèce, dont on ignore presque tout pour le moment. À l’issue de cette première expérimentation, Océane Beaufort constate que la population de requins citron est plus importante à Saint-Martin qu’à Petite-Terre, en Guadeloupe, comme d’ailleurs d’autres espèces, comme le requin de récif et le requin nourrice.

A very white caudal fin
Une nageoire caudale très blanche

Les mammifères marins ont une place privilégiée dans le coeur de la Réserve naturelle, qui représente le sanctuaire Agoa à Saint-Martin et effectue des suivis scientifiques chaque année. Depuis 2003, les sorties en mer ont permis de collecter un grand nombre de photos, dont d’intéressantes photos de nageoires caudales ou dorsales de baleines à bosse, véritables cartes d’identité de chaque animal, l’intérêt étant de pouvoir identifier visuellement l’animal dans ses déplacements, sans le déranger. Des catalogues similaires existent ailleurs et ont permis, par exemple, de reconnaître grâce à deux photos identiques la même baleine observée consécutivement au Cap Vert et en Guadeloupe. Afin d’améliorer ses connaissances sur les mammifères marins, la Réserve travaille actuellement à la création d’un catalogue de photos d’identification prises autour de Saint-Martin et Sint Maarten. Marion Barrau, étudiante en quatrième année à l’école vétérinaire UAX, à Madrid, a consacré son été à élaborer ce catalogue, qui permet aujourd’hui d’identifier 35 baleines à bosses, mais aussi 25 grands dauphins. Ces photos ont été prises par l’équipe de la Réserve, mais également par plusieurs écovolontaires et d’autres passionnés de mammifères marins. Marion BarrauMarion invite tous les amoureux des baleines et des dauphins à envoyer leurs photos de nageoires caudales ou dorsales sur baleine@ rnsm.org. Précisons que ces photos resteront la propriété de l’auteur, dont le nom sera porté sur chaque photo utilisée. Le catalogue de Saint- Martin/Sint Maarten s’enrichira au fil du temps et constituera une précieuse base de données, qui permettra de suivre les routes empruntées par les mammifères, mais aussi de mieux connaître leur abondance et d’estimer leur population. À terme, le catalogue devrait être disponible en ligne et permettra à chacun de participer à l’identification des individus sur le terrain, pour signaler les rencontres fortuites ou ajouter de nouvelles photos qui enrichiront les bases de données. La Réserve est partenaire sur ce projet de l’Observatoire des mammifères marins de l’arc guadeloupéen (OMMAG), qui dispose d’un épais catalogue de photos, consultable sur ommag. info. Un grand merci à l’OMMAG pour leur appui technique et leur passion communicative !Two, very different, humpback whale dorsal fins

Spotted dolphin
Dauphin tacheté

Après la Guadeloupe et la Martinique, c’est dans les Îles du Nord que la dernière campagne Agoa 2014 de suivi scientifique des mammifères marins en saison sèche a eu lieu, du 15 au 28 avril. Avec succès. De nombreux mammifères marins ont pu être observés entre Saint-Martin, Sint Maarten, Anguilla, Saint-Barth, Saba et Saint- Eustache, dont des baleines à bosse, des dauphins tachetés pantropicaux et des grands dauphins. La Réserve naturelle y a participé, comme à chaque fois, ainsi que des écovolontaires de Saint-Martin et de Guadeloupe; la responsable d’Agoa basée en Guadeloupe, Amandine Eynaudi; le CAR-SPAW, Anguilla et Saba.

Gros plan sur la balise Argos implantée sur la baleine | Close up of an Argos tag implanted on a whale
Gros plan sur la balise Argos implantée sur la baleine | Close up of an Argos tag implanted on a whale

La mission de déploiement de balises sur des baleines à bosse dans les Iles du Nord est terminée depuis le 3 avril dernier, mais elle ne fait que commencer. Sur les 8 balises posées, la plupart ont émis pendant plusieurs jours et 3 continuent d’émettre aujourd’hui. C’est une réussite si l’on considère le comportement actif de cette espèce pendant la saison de reproduction. La première balise posée émet depuis 25 jours et les déplacements de cette baleine et de son baleineau -baptisés «Soca and Joy» par les enfants de Saint-Martin- ainsi que ceux des autres baleines équipées, améliorent déjà les connaissances des comportements de cette espèce pendant cette saison. Parmi les résultats importants d’ores et déjà constatés, l’idée selon laquelle chaque île «posséderait» un groupe de baleines spécifique est remise en cause. Les déplacements d’île en île des 8 baleines tagguées montrent en effet que certaines ont déjà parcouru plus de 1700 km en passant par les Îles Vierges Américaines et le Silver Bank, tandis que d’autres vont et viennent entre Saint-Martin, Saint-Barth, Saba, Saint-Eustache, Barbuda et Saint-Kitts… De même qu’il est confirmé que les baleines à bosse ne sont pas seulement «de passage» dans les Iles du Nord, comme l’indiquent les chants des mâles, la présence de femelles et de leurs baleineaux âgés de quelques jours rencontrés à plusieurs jours d’intervalle et des groupes de mâles poursuivant des femelles. L’équipe Megara de retour à Saint-Martin The Megara team returning to Saint MartinTous ces comportements nous montrent aujourd’hui que nous sommes bien dans une zone de reproduction active, et bien sûr transfrontalière. Les résultats de cette mission sont plus que prometteurs, si l’on ajoute les 12 biopsies et les 12 photographies de caudales, qui seront analysées et comparées avec les banques de données existantes. Il est ainsi essentiel de mettre en place une stratégie de coopération régionale visant à renforcer les actions de conservation de cette aire de reproduction. Les îles néerlandaises de Saint-Eustache et de Saba feront dans un futur proche l’objet d’une «sanctuarisation» de leurs eaux, en vue d’atteindre une meilleure protection des mammifères marins et notamment des baleines à bosse. Un renforcement des liens avec l’île d’Anguilla est souhaitable, dans le cadre des relations entre Saint-Martin et Anguilla. À terme, un jumelage du sanctuaire Agoa, de celui des îles néerlandaises et des eaux d’Anguilla permettrait d’envisager une stratégie commune de conservation et d’actions scientifiques sur l’ensemble de l’aire de reproduction des baleines à bosse des îles du Nord des Petites Antilles. Au-delà de l’aspect scientifique, cette mission a aussi rassemblé tous les gestionnaires des aires marines protégées des Iles du Nord et fait intervenir des spécialistes de Mayotte, du Danemark, de la Guyane, des Etats-Unis, des Pays-Bas. Nicolas Maslach, directeur de la Réserve de Saint-Martin, initiateur et porteur de ce projet, remercie l’ensemble des partenaires techniques et financiers: le CAR-SPAW, l’Agence de l’environnement de Saint-Barthélemy, les autorités d’Anguilla, le Marine Park de Sint-Maarten, les autorités néerlandaises de Saba et de Saint-Eustache, sans qui cette mission n’aurait pu se réaliser, ainsi que les membres de l’association «Mon Ecole, ma baleine» pour la qualité de leur intervention dans plusieurs classes de Saint-Martin. Fort de la réussite de cette mission, Nicolas Maslach organise d’ores et déjà la mission MEGARA 2015.

Aujourd’hui, il est possible de suivre la route de ces baleines sur la page facebook de la Réserve naturelle nationale de Saint-Martin ou sur le site www.seaturtle.org/tracking/index.shtml?project_id=979.

Le 26 mars, la Réserve a invité le public à découvrir le projet Megara au cinéma de Sandy Ground grâce à un film d’une trentaine de minutes tourné à Mayotte en 2013. L’événement a été organisé avec l’aide du Rotary Club, qui s’est chargé de la communication et de la vente des tickets d’entrée, et plus d’une centaine de personnes ont répondu à l’appel.

© Nicolas Maslach

© Nicolas Maslach

 

Un péponocéphale… | A Peponocephala
Un péponocéphale… © Laurent Juhel - AAMP A Peponocephala

Déjà présente en Martinique du 1er au 8 octobre pour la campagne 2013 de suivi scientifique des mammifères marins en saison humide, la Réserve naturelle de Saint-Martin a participé à une campagne identique, mais en saison sèche cette fois, du 12 au 19 mars 2014, en Martinique, puis du 15 au 28 avril, dans les Îles du Nord. Ces suivis, organisés dans le sanctuaire Agoa sur deux périodes, par l’Agence des aires marines protégées (AAMP) et le CAR-SPAW, permettent d’observer des espèces différentes. En effet, certaines espèces - dont les baleines à bosses - quittent les eaux chaudes de la mer des Caraïbe au printemps. Romain Renoux, en charge de la gestion du sanctuaire Agoa à Saint-Martin, ainsi que les autres participants venus de Guadeloupe, de Martinique et du Québec, ont pu observer certaines espèces rares dans le canal entre la Martinique et la Dominique : le péponocéphale, ou dauphin d’Électre; le pseudorque, ainsi qu’un groupe de mésoplodons.

L’objectif de ces missions est triple :

  • Mieux connaître les espèces présentes dans le sanctuaire Agoa et compléter l’inventaire des espèces rencontrées.
  • Identifier les zones fréquentées par les différentes espèces.
  • Identifier les activités humaines susceptibles d’impacter les mammifères marins dans le sanctuaire (circulation de grands navires, pollution, pêche…) afin de mettre en place des actions de gestion en leur faveur.
Éva Moisan
Éva Moisan

Éva Moisan, étudiante en Master professionnel à l’Université de Corte, étudie «la gestion intégrée du littoral et des écosystèmes». En stage à la Réserve du 24 février au 8 août 2014, avec le soutien de Julien Chalifour, responsable du pôle scientifique, elle se consacre à l’étude de Halophilia stipulacea, espèce invasive introduite par l’intermédiaire des ancres de bateaux et qui peu à peu grignote de l’espace dans l’herbier sous-marin. L’étudiante va devoir trouver la réponse à une série de questions. Où l’espèce est-elle présente? Progresse-t-elle? Régresse-t-elle? Se stabilise-telle? Quelles sont ses relations avec la faune et la flore locale? Va-t-elle tendre à remplacer l’herbier natif composé de Syringodium et de Thalassia ou va-t-elle coloniser les espaces laissés vacants par ces deux espèces? Comment réagissent poissons, mollusques et crustacés vis-à-vis de cette algue beaucoup plus rase que les deux espèces auxquelles ils sont habitués? Vont-ils la consommer? Patience. La réponse à la plupart de ces questions sera publiée dans le prochain journal de la Réserve. En attendant, souhaitons bon courage à Éva dans ses recherches.

Le grand dauphin Tursiops truncatus The bottlenose dolphin Tursiops truncatus © Nicolas Maslach
Le grand dauphin Tursiops truncatus The bottlenose dolphin Tursiops truncatus © Nicolas Maslach

Le 15 novembre, au Mercure, Romain Renoux, en charge du sanctuaire AGOA pour Saint- Martin, a présenté les résultats des campagnes de suivi des mammifères marins initiées par Nicolas Maslach dans le cadre du sanctuaire en 2012 et 2013 dans les Îles du Nord. Sur 3 saisons, 1022 km de transects ont été réalisés autour de Saint-Martin et Saint-Barthélemy et 1400 km autour d’Anguilla, Saint-Eustache et Saba. 68 observations visuelles ont été réalisées. 6 espèces différentes ont été vues : baleine à bosse, cachalot, dauphin tacheté de l’Atlantique, dauphin tacheté pantropical, grand dauphin et le très rare cachalot pygmée. La présence de globicéphale tropical a été confirmée par acoustique. La présence significative de cachalots exige aujourd’hui des recherches scientifiques supplémentaires, afin d’approfondir les connaissances sur leurs parcours et leurs activités. La présence du rorqual de Bryde et de l’orque épaulard reste à confirmer. Ces missions scientifiques confirment la richesse faunistique de nos eaux et nous confère une responsabilité particulière pour la protection de ces espèces.

An Atlantic spotted dolphin (Stenella frontalis) © AAMP – AGOA – K. Questel
Un dauphin tacheté de l’Atlantique (Stenella frontalis) © AAMP – AGOA – K. Questel

En dépit de conditions météorologiques difficiles entre le 10 et le 15 décembre 2013, le dernier suivi scientifique des mammifères marins organisé par le sanctuaire Agoa a permis l’observation de grands dauphins côtiers sur le banc de Saba, de deux groupes d’une trentaine de dauphins tachetés de l’Atlantique – dont de nombreux juvéniles – au nord-ouest d’Anguilla et au sud-ouest de Saint-Martin, et même d’un requin-baleine, requin tout à fait inoffensif, au sud de Saint-Martin. Plusieurs observations acoustiques de cachalots et de baleines à bosses ont été enregistrées à l’aide d’un hydrophone et sont actuellement en cours de traitement, tout comme un grand nombre de photos, l’idée étant de relever des correspondances d’identité entre les mammifères marins des Îles du Nord et ceux vus en Guadeloupe et en Martinique. L’Agence des aires marines protégées en collaboration avec le CAR-SPAW avait affrété deux catamarans pour cette mission, le premier pour sillonner les eaux de Saint-Martin, Saint-Barth et Anguilla, le second pour la zone de Saba, Saint- Eustache et Sint Maarten. Les gestionnaires des aires marines protégées de ces îles ont participé au suivi, ainsi que des représentants du CARSPAW et deux écovolontaires de Saint-Martin, que la Réserve remercie pour leur implication. Cette campagne annuelle en saison humide était la seconde en 2013, la première ayant eu lieu au printemps, en saison sèche. L’un des buts du sanctuaire est l’amélioration des connaissances sur les mammifères marins, pour le renforcement de leur protection. Six objectifs ont été poursuivis : l’évaluation de la diversité en espèces, l’évaluation de l’abondance de mammifères marins, leur répartition géographique et l’identification éventuelle de corridors de migration, la description des paramètres écologiques (profondeur des eaux, distance à la côte...), le développement de la coopération entre les îles et enfin le renforcement des capacités des gestionnaires.

Carte - MapGroup Shot

L’association Megaptera participera à l’opération The association Megaptera will participate in the mission
L’association Megaptera participera à l’opération The association Megaptera will participate in the mission

MegapteraQuelles routes les baleines à bosses empruntent- elles pendant leur migration? Quelles eaux fréquentent-elles précisément? Rencontrentelles d’autres groupes de baleines à bosses? Comme le précise son plan de gestion, la Réserve naturelle, qui représente le sanctuaire Agoa à Saint-Martin, tient à apporter une réponse à ces questions, afin d’améliorer la gestion du sanctuaire. En collaboration avec le CAR- SPAW et la Réserve naturelle de Saint-Barth, Nicolas Maslach, le directeur de la Réserve naturelle, a élaboré une mission scientifique, baptisée «MEGARA» pendant 10 jours à la fin du mois de mars 2014 dans les eaux de Saint-Martin à Nevis. L’idée pour cette première dans les Îles du Nord est d’implanter une balise Argos dans le tissu graisseux de plusieurs baleines à bosses, afin de suivre leurs parcours via un satellite et le web. L’association Megaptera, rompue à ce type d’exercice, sera à bord du catamaran affrété pour la mission, en compagnie de son président, Michel Vely, de plusieurs scientifiques et des managers des aires marines protégées de la Région. La mission prévoit également d’effectuer des prélèvements de peau, sur des baleines à bosses, mais aussi sur des cachalots. Ces échantillons permettront de déterminer le sexe et l’origine de chaque individu ainsi que leur régime alimentaire. Ils seront comparés par le Dr Per J. Palsboll de l’Université néerlandaise de Groningen, à une base de données de plus de 8500 échantillons prélevés sur des animaux dans l’Atlantique Nord. Une campagne de sensibilisation des scolaires est programmée dans le cadre d’un partenariat avec Jean-Marie Jespère, inspecteur d’académie de l’Éducation nationale à Saint-Martin et la présidente de l’association «Mon école, ma baleine», Nelly Pélisson.

Éponges dans la mangrove Sponges in the mangroves © Julien Chalifour
Éponges dans la mangrove Sponges in the mangroves © Julien Chalifour

Des scientifiques du monde entier – Brésil, Inde, Royaume-Uni, États-Unis... – se sont retrouvés du 1er au 8 décembre aux Anses d’Arlet, en Martinique, afin d’échanger et d’enrichir leurs connaissances sur les éponges de la Caraïbe. L’éponge, ou spongiaire, est un animal aquatique dont il existe environ 5000 espèces recensées dans le monde. Julien Chalifour a assisté aux interventions des spécialistes et a participé aux plongées de collecte des échantillons, pour ensuite les traiter. Cet atelier va permettre au chargé de mission scientifique de collecter des échantillons dans la Réserve de Saint-Martin puis de les envoyer aux spécialistes, et d’enrichir ainsi l’inventaire qui a permis en 2012 à une mission scientifique de répertorier 818 espèces dans les eaux de la Réserve. Identification des espèces Identification of species © Julien Chalifour

Les caméras utilisées par la mission Catlin The cameras used by Catlin survey
Les caméras utilisées par la mission Catlin The cameras used by Catlin survey

Début décembre, Nicolas Maslach a donné le feu vert à la mission australienne Catlin Seaview Survey et nous aurons très bientôt la possibilité de découvrir sur internet et dans le détail les récifs filmés à Tintamare et à Grandes Cayes. La mission a été menée par une équipe de scientifiques australiens avec trois caméras prenant les images à 360° et en haute résolution. Développée par des chercheurs australiens, cette technique permet d’améliorer le suivi des fonds marins, ainsi que leur cartographie. L’objectif de Catlin est de suivre l’état de santé des récifs coralliens au plus près et de fournir aux spécialistes les informations les plus exactes possibles, dans le cadre de la lutte contre la dégradation des coraux. Cette mission internationale a commencé dans le Pacifique et se poursuit à présent dans la Caraïbe. Les vidéos seront prochainement disponibles sur www.globalreefrecord.org.

Premières photos du scinque à Tintamare First pictures of the skink on Tintamare © Julien Chalifour
Premières photos du scinque à Tintamare First pictures of the skink on Tintamare © Julien Chalifour

Repéré à Tintamare en mars 2013 pendant les opérations de dératisation de l’îlet, le scinque est un petit lézard très rare, endémique de La Désirade et de l’îlot de Petite Terre et dont on ignorait la présence à Saint-Martin jusque-là. Des photos attestent bien de son existence dans les murets de pierres sèches à Tintamare et cette découverte va devenir l’un des axes majeurs du prochain plan de gestion de la Réserve naturelle. Une mission scientifique sera financée par l’État au travers de la DEAL Guadeloupe et réalisée par l’association AEVA, spécialiste de ce reptile, en collaboration avec la Réserve. Les objectifs seront d’évaluer la population de ces petits lézards et de définir leur localisation. Il sera nécessaire d’en attraper une petite dizaine, afin de disposer de cinq échantillons d’ADN de scinque, et hélas d’en sacrifier un, mais pour la bonne cause, puisqu’il sera exposé au Museum d’histoire naturelle.Premières photos du scinque à Tintamare First pictures of the skink on Tintamare © Julien Chalifour

Halophilia stipulacea © Julien Chalifour
Halophilia stipulacea © Julien Chalifour

Une nouvelle espèce envahit peu à peu les herbiers sous-marins et la Réserve s’inquiète de connaître les conséquences de cette invasion silencieuse. Introduite par l’intermédiaire des ancres de bateaux, Halophilia stipulacea grignote la place occupée par Syringodium et par Thalassia. En Guadeloupe et aux Saintes, la nouvelle espèce a pris toute la place, mais cet envahissement ne serait pas forcément négatif. Halophilia stipulacea plaît apparemment aux poissons, qui la digèrent facilement, et pourrait aussi stabiliser les sédiments. Une mission d’étude est lancée, qui sera menée pendant six mois par un stagiaire en Master 2 à l’Université de Corte. Dès la fin du mois de février, l’étudiant travaillera sur la cartographie des sites concernés et sur l’étendue du phénomène. Il s’efforcera de proposer des méthodes de suivi, pour savoir si Halophilia stipulacea s’étend ou régresse, et observera quels animaux la consomment.

La maquette du récif artificiel | Design of the artificial reef © Julien Chalifour
La maquette du récif artificiel | Design of the artificial reef © Julien Chalifour

Les larves d’animaux marins sont des proies faciles pour leurs prédateurs et favoriser leur taux de survie est une bonne manière d’augmenter le patrimoine écologique. Dans cet objectif, Nicolas Maslach a entrepris dans le cadre d’un projet baptisé «BIOHAB» d’implanter des habitats artificiels dans une zone dépourvue de récifs. Constitué de parpaings, matériau couvert de petites anfractuosités idéales pour l’installation des larves, ce récif deviendra un habitat de choix pour des milliers de larves auxquelles il permettra de survivre. La mission est financée par TeMeUm, et les structures sont mises en place par l’équipe de la Réserve. Le suivi scientifique, encadré par Julien Chalifour, sera confié à un étudiant en Master 2 de l’Université de La Rochelle, de la mi-avril à la mi-juin 2014.

Ophioderma cinerea
Ophioderma cinerea

En avril 2012, une mission scientifique annonçait avoir identifié plus de 700 espèces marines dans les eaux de la Réserve, mais ce sont finalement 818 espèces très exactement qui ont pu être décrites à l’issue de cette mission, dont certaines étaient inconnues jusque-là! Jean-Philippe Maréchal, l’un des sept scientifiques de cette mission financée par l’État, a restitué tous les résultats à l’occasion du comité consultatif. Il s’avère que la baie de l’Embouchure – dite baie du Galion – constitue le site possédant la biodiversité la plus importante. Très fréquenté, ce site représente un enjeu majeur pour la Réserve, qui se doit d’y accueillir le public tout en veillant au respect de la protection des espèces. Devant l’ampleur de ces résultats, le comité a demandé à la Réserve d’assurer leur diffusion auprès des gestionnaires d’espaces protégés dans toute la Caraïbe, afin de mettre en avant l’extraordinaire biodiversité de Saint- Martin à l’échelle régionale et les surprises que peut réserver une mission scientifique bien menée. Il a également été décidé que la Réserve devait poursuivre sa stratégie d’inventaire de la faune et de la flore, la mission d’avril 2012 concernant uniquement trois embranchements : les crustacés (crevettes, crabes...), les mollusques (limaces, coquillages...) et les échinodermes (oursins, étoiles de mer, ophiures...).

Gonodactylidae
Gonodactylidae
Ophioderma cinerea
Ophioderma cinerea
Glypturus
Glypturus
Banareia palmeri
Banareia palmeri
Cymbovula acicularis
Cymbovula acicularis
Astrophyton
Astrophyton
Micromelo undatus
Micromelo undatus
Dauphin Tursiops truncatus
Dauphin Tursiops truncatus

Du 5 au 11 mars, la Réserve naturelle était sur l’eau pour participer au suivi des mammifères marins organisé pour la troisième fois par le sanctuaire Agoa. Deux catamarans ont accueilli les équipes de Saint-Martin, Saint-Barth, Anguilla, Saba et Saint-Eustache, ainsi que deux cétologues, l’un américain et l’autre canadien, en poste sur l’île de la Dominique. L’idée de ce suivi reste de calculer la distribution et l’abondance des mammifères marins dans les eaux des Îles du Nord et du plateau de Saba, et des conditions de météo idéales ont permis de nombreuses observations. La présence de cachalots a été confirmée, tant en saison humide qu’en saison sèche, et de nombreuses baleines à bosses ont pu être recensées, ainsi que plusieurs espèces de dauphins. Ces missions partagées avec d’autres gestionnaires d’aires marines protégées environnantes favorisent le renforcement de la coopération régionale et les échanges très enrichissants sur les pratiques de gestion de chacun. Partenaire de la première heure, la Réserve naturelle de Saint-Martin se positionne aujourd’hui comme le référent clé du programme Agoa dans les Îles du Nord, en termes d’expertise et de savoir-faire.

Suivi des mammifères marins : les observations sont visuelles... et acoustiques
Suivi des mammifères marins : les observations sont visuelles... et acoustiques

Seconde campagne de suivi des mammifères marins

Le sanctuaire Agoa pour la protection et la conservation des mammifères marins dans les eaux des Antilles françaises a mené sa deuxième campagne de suivi scientifique de ces mammifères du 2 au 7 octobre 2012, en saison humide cette fois.
À cette saison, les baleines à bosse ont rejoint les eaux plus froides de l’Atlantique Nord pour l’été.
Pour les Îles du Nord, deux catamarans ont accueilli les observateurs venus des Réserves naturelles de Saint-Martin et de Saint-Barth; des parcs marins de Sint Maarten, de Saba et de Saint-Eustache; de l’agence des aires marines protégées; de Breach et du CAR-Spaw, ainsi qu’une équipe de chercheurs néerlandais.
Sans surprise, les observations ont été moins nombreuses qu’en mars 2012, sur les mêmes zones.
Un bateau a sillonné les eaux entre Saint-Martin, Saint-Barth et Anguilla, et l’autre s’est consacré à la zone entre Saint-Eustache, Saint-Kitts, Saba et la banc de Saba.

Le rapport annuel est en cours de préparation.

Suivi des mammifères marins

 

Tortue imbriquée cherchant à nidifier en haut de plage à baie aux Prunes
Tortue imbriquée cherchant à nidifier en haut de plage à baie aux Prunes

Fin décembre 2012, l’heure était au bilan pour Julien Chalifour, en charge de l’antenne locale du réseau tortues marines.

Les chiffres :

  529 patrouilles ont eu lieu sur les dix plages désignées et
185 traces de montée de tortues ont été relevées par la cinquantaine d’écovolontaires, dont 107 traces fraîches.
58% des traces ont donné lieu à une ponte, principalement de tortues vertes et surtout sur les plages de baie Longue et de la baie aux Prunes.
Ces chiffres, nettement supérieurs à ceux de 2011, s’expliquent peut-être par le fait que l’on a observé de façon tout à fait empirique que le cycle de ponte des tortues vertes connaîtrait un pic tous les deux ans.
Ces mêmes tortues vertes ont pondu sur 65% de leur montée, alors que les tortues imbriquées n’ont réussi la même performance que sur 55% des sorties de l’eau.
Cette différence pourrait être due aux spécificités entre les deux espèces, les tortues vertes ne montant pas aussi haut que les tortues imbriquées et rencontrant donc moins d’obstacles pour creuser leur nid.
La Réserve note toutefois un léger recul des pontes de tortues vertes et soulève de nouveau la problématique des plages éclairées la nuit et de la musique forte, qui rebutent ces animaux sauvages.

Une torte à la porteTortue imbriquée

Le 4 septembre 2012 à 11 heures du matin, un couple de baigneurs appelle la Réserve pour signaler qu’une tortue imbriquée tente de creuser son nid, mais qu’elle bute contre le grillage et le portail d’une villa construite très en avant sur la plage. Julien chalifour se rend sur place et constate en effet que le pauvre animal tourne et vire en vain, pour finalement retourner vers la mer après une heure et demi d’efforts infructueux. le lendemain, à quelque distance de cette villa, un écovolontaire relève des traces de ponte et un nid, et l’on espère qu’il s’agit de la même tortue.
la Réserve saisit l’occasion pour remercier tous les écovolontaires, ainsi que tous les promeneurs qui l’ont appelée pour signaler la présence de tortues.

la campagne 2013 débutera bientôt. une session d’information pour les écovolontaires sera organisée en février.

 

Canard des Bahamas
Canard des Bahamas

En ce début d’année, l’heure est au bilan pour Julien Chalifour, chargé de mission scientifique à la réserve naturelle, concernant le suivi des oiseaux limicoles – inféodés aux étangs – ou des oiseaux marins.

DU COTE DES LIMICOLES

La richesse ornithologique reste fragile Le même protocole a été suivi tout au long de l’année, avec une visite mensuelle sur dix étangs de l’île.
Une soixantaine d’espèces de limicoles ont pu être observées à la longue-vue et comptées, ainsi que quelques espèces d’oiseaux marins, comme le pélican, qui fréquentent aussi les étangs.
Ces observations ont pour objectif de constater les fluctuations mensuelles de fréquentation de l’avifaune, selon les espèces.
En 2012, six espèces ont été plus particulièrement suivies, soit parce qu’elles sont patrimoniales – protégée, menacée ou rare – soit parce qu’elles nichent à Saint-Martin. Il s’agit du bihoreau violacé, de l’échasse d’Amérique, de la foulque caraïbe, de la grande aigrette, de la petite sterne et du canard des Bahamas.
Un rapport scientifique est en cours de rédaction.

DU COTE DES OISEAUX MARINSPetit Sterne

Les principales espèces ciblées sont le grand-paille-en-queue, le noddi brun et la petite sterne.

Déception concernant le grand-paille-en-queue : une dizaine d’individus seulement ont pu être observés en moyenne pendant la période de nidification à Tintamare, seule période où ces beaux oiseaux ne vivent pas en haute mer.
C’est une régression importante par rapport à 2010, même s’il reste à confirmer que le changement de protocole ne soit pas à l’origine de cette baisse.
Une certitude : l’interdiction de mouiller devant North Cove, à Tintamare, est plus que jamais justifiée, afin de respecter la tranquillité des oiseaux.

À Tintamare toujours, les effectifs sont en revanche stables chez le noddi brun.
Trente-huit individus en moyenne étaient présents à chaque comptage et trente-sept nids ont été dénombrés, dont les trois-quarts ont abrité des poussins, qui se sont envolés vers d’autres horizons depuis.

Observée en 2012 principalement de mai à septembre, la petite sterne affectionne le Grand étang des Terres Basses – en dehors de la Réserve –, où une dizaine d’individus étaient présents à chaque comptage. Globalement, vingt individus ont été observés sur l’ensemble des étangs, mais l’espèce fréquente aussi les pointes rocheuses, hors du territoire de la Réserve.
La petite sterne niche sur les bancs de sable et aucun nid n’a malheureusement été repéré – ni aucun poussin –, vraisemblablement en raison des importantes variations du niveau de l’eau dans les étangs. Du côté des oiseaux marins

Une tortue verte autour de Tintamare © Julien Chalifour

Le suivi des pontes de tortues marines sur les plages de l'île se poursuit. Bonne nouvelle, les chiffres à la baisse du début de la saison, en mai, sont repartis à la hausse depuis. La soixantaine d'éco volontaires est restée mobilisée et l'on dénombre à ce jour 425 suivis sur les plages et 86 signalements de traces de montées de tortues, avec un avantage pour les tortues vertes. Par ailleurs, plusieurs personnes ont appelé la Réserve pour signaler la présence de bébés tortues juste après leur émergence, sur les plages de la Baie Orientale, de Friar's Bay et de Baie Longue, juste devant l'hôtel La Samanna. Les émergences ont en général lieu de nuit et il est rare d'y assister directement.

Émergences de tortues les bonnes réactions

Vous êtes témoin d’une émergence de tortues ou vous êtes en présence d’un bébé tortue sur une plage. Que faire?
Vous assurer que personne n’intervienne et qu’aucun prédateur potentiel ne menace ces jeunes reptiles.
Éloignez les chiens, effrayez les oiseaux, ne manipulez pas les bébés tortues et laissez-les rejoindre la mer par eux-mêmes.
Appelez la réserve naturelle si la ou les tortue(s) cour(en)t un quelconque danger (05 90 29 09 72), vos témoignages sont précieux.

 


Une émergence de tortues luths

Une tortue verte autour de Tintamare © Julien Chalifour
© Julien Chalifour

Comme chaque été depuis six ans, les plongeurs des réserves naturelles de Saint-Martin, de Saint- Barth et de Petite Terre, en Guadeloupe, se sont retrouvés sous l’eau pour le suivi de l’état de santé sous-marin des récifs coralliens et des herbiers sur les trois espaces naturels, grâce à un financement de la DEAL Guadeloupe.
À Saint-Martin du 30 août au 9 septembre, les plongeurs ont ajouté deux nouvelles stations à ce suivi, qui concerne donc à présent quatre sites dans le périmètre de la Réserve et deux sites hors de ce périmètre, l’objectif étant d’apprécier l’évolution de l’état de santé de ces milieux. Compte-tenu de la dégradation de la qualité des eaux de baignade autour de Pinel, les récifs et les herbiers du site ont bénéficié d’une attention particulière cette année.
Les coraux d’une part, et les herbiers d’autre part ont fait l’objet de mesures et de comptages, dont les résultats seront comparés avec ceux des années précédentes. Les données sont en cours de traitement et seront connues avant la fin de l’année.

“La terre ne nous appartient pas, ce sont nos enfants qui nous la prêtent”
“La terre ne nous appartient pas, ce sont nos enfants qui nous la prêtent”

Lors de sa création, on estimait à 480 le nombre total d’espèces faunistiques et floristiques présentes dans les milieux terrestres et marins de la Réserve naturelle de Saint-Martin.
C’était avant la mission scientifique au cours de laquelle plus de 700 espèces marines ont été dénombrées !
Cet inventaire faunistique, inscrit dans le plan de gestion de la Réserve, a eu lieu du 9 au 28 avril 2012. Il a été commandité par la Réserve, financé par la DEAL et orchestré par l’Observatoire du milieu marin martiniquais, avec l’appui de sept universitaires scientifiques, dont quatre venaient de l’Université de Floride et les trois autres du Brésil, des Îles Vierges américaines et de Martinique.
Les trois embranchements concernés par cette étude sont les crustacés (crevettes, crabes...), les mollusques (limaces, coquillages...) et les échinodermes (oursins, étoiles de mer, ophiures...).
Dans le cadre de leur mission, les chercheurs ont plongé pour échantillonner l’ensemble des fonds – sable, vase, roche, herbier, récif corallien – de jour comme de nuit – pour ne pas rater les espèces nocturnes – en utilisant parfois un aspirateur sous-marin ou une brosse pour capturer les espèces les plus petites (moins de 1 centimètre). Un premier tri a eu lieu dans le laboratoire volant qu’ils avaient installé dans leur villa de location, suivi d’une observation à la loupe binoculaire.
Certains échantillons sont toujours en cours d’observation, d’autres sont surprenants de couleur et de grâce, mais l’on n’aura les résultats définitifs qu’au mois de septembre 2012.
Et peut-être découvrirons-nous une espèce inconnue jusque-là... L’objectif est de constituer un catalogue rassemblant toutes les photos de toutes les espèces observées, mâles et femelles.
Et pourtant, au-delà de ce travail très important, il reste une masse d’échantillons et d’animaux à observer, sur d’autres sites, à d’autres moments, à d’autres profondeurs, sans même parler des parasites qui vivent aux dépens de leurs hôtes animaux. Cette étude confirme l’importance du patrimoine naturel marin de la Réserve.

© Arthur Anker - OMMM
Crevette chouette Nikoides sp.

© OMMM

© OMMM
© Arthur Anker - OMMM
Crevette sexy atlantique Thor . cf . amboinensis

© OMMM

© OMMM
© Arthur Anker - OMMM
Crevette naine des oursins Gnathophylloides mineri
© Arthur Anker - OMMM
Crevette débris de corail Trachycaris rugosa

© OMMM
© Arthur Anker - OMMM
Hippolyte obliquimanus
© Arthur Anker - OMMM
Crevette danseuse de Manning Cinetorhynchus Manningi
Christian Hily prépare sa caméra sous-marine

Les herbiers, ces mornes plaines marines sans grand intérêt pour les plongeurs amateurs, sont la nurserie de nombreuses espèces, auxquelles ils offrent abri et nourriture. Entre mangroves et récifs coralliens, ils représentent un écosystème fragile et menacé et jouent un rôle déterminant dans l’épuration des eaux littorales. Leur état de santé est aussi préoccupant que celui du corail pour l’Initiative française pour les récifs coralliens (Ifrecor), qui met en place un observatoire des herbiers de l’outre-mer. L’objectif est de faire un état des lieux des herbiers ultramarins et de réunir toutes les connaissances possibles, afin de coordonner les actions futures et de proposer une méthodologie robuste et facile à mettre en oeuvre pour suivre leur état de santé sur ces zones encore mal connues. À ce titre, Christian Hily, chercheur à l’Université européenne de la mer à Brest, a été mandaté par l’Ifrecor à Saint-Martin, du 29 mai au 1er juin 2012. Le scientifique était déjà venu sur l’île en 2011 pour faire un état des lieux des herbiers, en s’appuyant sur les suivis scientifiques annuels mis en place par la Réserve depuis 2007. Cette fois, sa mission a consisté à tester une nouvelle approche méthodologique, en utilisant une caméra sous-marine tractée par un bateau. Ce système a permis d’observer un bien plus grand périmètre d’herbiers – leur état de santé, les espèces d’herbiers présentes et leur densité, la faune qui y vit... – et la qualité des herbiers entre le littoral et le récif. Ces observations seront comparées avec celles faites par la Réserve et permettront une plus grande précision des connaissances.

 4 espèces d’herbiers à SXM
Les herbiers, contrairement à ce que laisse imaginer leur nom, ne sont pas des herbes, mais des plantes à fleurs sous-marines (phanérogames).
Quatre espèces coexistent à Saint-Martin.
Les deux principales sont Thalassia et Syringodium.
Les deux autres sont moins présentes, mais l’une d’entre elles, originaire de l’Océan Indien, est invasive.
La présence de Halophila stipulacea était suspectée depuis deux ou trois ans et sa présence est aujourd’hui confirmée.
Elle est à priori en voie d’expansion.

Traces d’une montée de tortue verte sur la plage de la baie aux Prunes
Traces d’une montée de tortue verte sur la plage de la baie aux Prunes © Véronique Mas.

La première ponte de tortues a été relevée le 12 mai, à la baie aux Prunes.
Il s’agissait d’une tortue verte. La seconde – une tortue imbriquée – a eu lieu à Tintamare, le 29 mai.
À la fin du mois de juin, la Réserve avait comptabilisé 9 pontes à Tintamare, 5 à la baie aux Prunes, 1 à Pinel et 1 dernière sur la plage de Grandes Cayes. 57 écovolontaires – que la Réserve remercie pour leur travail, parfois ingrat lorsque les tortues ne sont pas au rendezvous, mais toujours utile pour l’information scientifique – sont mobilisés pour arpenter tôt le matin l’une des huit plages classées en sites de ponte et relever les traces de tortues.
La Réserve est en charge du neuvième site, à Tintamare.
Ces chiffres ne sont pas très bons et permettent de prendre pleinement conscience des efforts qu’il reste à faire (éclairage des plages, stationnement des voitures, nuisances sonores, nettoyage des sites) pour s’assurer que, demain encore, les tortues marines continuent de venir pondre à Saint-Martin. En Guadeloupe, par exemple, jusqu’à cinq ou six pontes ont lieu chaque soir sur les plages les plus fréquentées par les tortues.
Rappelons que toute source de dérangement survenant la nuit lors de la saison de ponte (mars à octobre) peut pousser ces reptiles protégés à faire demi-tour et donc à ne pas venir pondre sur nos plages, menaçant par la même occasion la survie de ces espèces fragiles..

Les noddis bruns sont de retour à North Cove
Les noddis bruns sont de retour à North Cove

Le noddi brun est de retour depuis le 2 mai sur les falaises de North Cove, à Tintamare, seul site de reproduction et de nidification de cet oiseau marin protégé à Saint-Martin.
Hormis pendant cette période, le noddi brun passe toute sa vie en pleine mer, autour de l’arc antillais.
Arrivés tous ensemble, quarante noddis ont immédiatement commencé de construire leur nid en prévision de la ponte.
Julien Chalifour, chargé de mission scientifique à la Réserve, se rend une fois par semaine sur le site, dans le cadre du suivi de ponte du noddi brun pendant la nidification.
Il a dénombré jusqu’à 70 individus, en vol ou posés. Une vingtaine de nids ont été identifiés avec une petite plaquette de couleur, pour vérifier s’ils sont bien fréquentés par les parents et, après l’éclosion, pour observer les poussins.
Le noddi est farouche et peut détruire son nid s’il est dérangé.
Il peut aussi fondre en bande sur l’objet de son inquiétude et l’agresser. Le mouillage et le débarquement sont donc interdits dans la baie de North Cove. Merci de respecter cette interdiction !.

Magnifique gros plan sur un bihoreau violacé - Beautiful zoom on a Yellow-crowned Night Heron
Magnifique gros plan sur un bihoreau violacé

Camille Bouzon, que nous vous avions présenté dans notre dernière édition, est étudiant en Master 2 « Écologie tropicale et ingénierie en agrosystèmes » à l’UAG de Guadeloupe.
Il a quitté la Réserve Naturelle le 15 juin 2012, après six mois de stage.
Son travail s’est soldé par la restitution d’un rapport qui va favoriser la mise en oeuvre des suivis des populations d’oiseaux marins et des étangs de la Réserve.
Ce rapport va faciliter la production de données destinées à mieux évaluer l’efficacité de la gestion de la Réserve et la préservation de nos 85 espèces d’oiseaux.

Dessins Marie-Estelle Voisin
Grand Paille-en-queue - Marie-Estelle Voisin
Commencé en 2009, le suivi scientifique des oiseaux, qu’ils soient marins ou inféodés aux étangs, se poursuit, selon un protocole bien défini dans le tableau de bord de la Réserve et respecté par Julien Chalifour, chargé de mission scientifique. Extrêmement sensible à tous types de dérangement, la population d’oiseaux se stabilise, mais reste fragile.
Du côté des oiseaux marins, les petits et les grands pailles-en-queue nichent dans les anfractuosités du Rocher Créole, de Tintamare et de Caye Verte : 8 à 9 individus ont pu être observés à chaque sortie et 36 nids ont été répertoriés sur les trois sites, ce qui correspond à une légère régression depuis 2009.
L’interdiction de mouiller à North Cove s’avère très positive pour le noddi brun, qui niche à Tintamarre de mars à mai et que l’on ne peut observer que pendant cette saison : 69 individus ont été comptabilisés, ainsi que 30 nids.
La petite sterne, oiseau marin mais qui niche sur le sable, abandonne son nid dès qu’elle est dérangée, que ce soit par un chien, un promeneur ou, pire, un quad.
Elle est également menacée par les fortes pluies qui recouvrent son nid ou ne permettent pas le dégagement des bancs de sable.
15 individus ont ainsi pu être observés à chaque sortie sur la Saline d’Orient et 47 nids recensés au total, sur l’ensemble des sites.
La sterne de Dougall a pu être observée pour la première fois l’année dernière, aux alentours du Rocher Créole, de Tintamarre, de la Pointe du Bluff et de la Saline d’Orient.
Grand paille-en-queue - Marie Estelle voisinNoddi Brun - Marie Estelle Voisin
Petit Sterne - Marie Estelle voisinPetit Sterne - Marie Estelle Voisin
Camille BouzonCamille Bouzon

Camille Bouzon, étudiant en Master 2 « Écologie tropicale et ingénierie en agrosystèmes » à l’UAG en Guadeloupe, est accueilli par la Réserve Naturelle du 9 janvier au 15 juin 2012.
Originaire de Marennes, âgé de 24 ans et passionné d’ornithologie, il consacre son stage à la richesse de Saint-Martin en ce domaine.
Depuis son arrivée, il a étudié la répartition des oiseaux sur différents lieux des étangs et a réalisé une zonation qui affine l’écologie de cette faune protégée et sera très utile à la mise en place des aménagements préconisés dans l’étude menée sur les étangs de l’île en 2010 et 2011.
Il a également réalisé un suivi du dérangement des oiseaux sur la Saline d’Orient, où des traces de véhicules tout terrain ont pu être observées jusque dans l’eau.
Comme on le sait, ces dérangements effraient les oiseaux, qui s’envolent, s’alimentent moins, abandonnent leurs nids et finissent par déserter ces écosystèmes dont ils dépendent.
Dans le cadre du suivi des oiseaux marins et limicoles, sa mission s’étend à l’amélioration du protocole, lorsque c’est nécessaire.
Ainsi, il propose de regrouper fonctionnellement les oiseaux de même écologie, pour optimiser les comptages : le regroupement lors des suivis futurs des bécasseaux minuscules et des bécasseaux semi palmés en un seul groupe de « petits bécasseaux » devrait ainsi faciliter les suivis, tout en conservant leur robustesse.
Il mène enfin une réflexion liée à l’écotourisme, les amateurs ornithologues constituant un réservoir important de touristes potentiels.

Un grand dauphin (tursiops truncatus)
À l’initiative du sanctuaire Agoa, la troisième campagne de suivi des mammifères marins a eu lieu du 9 au 14 mars 2012.
Deux zones de navigation ont été sillonnées selon le protocole mis en place, la première entre Saba, Saint-Eustache et le Saba Bank ; la seconde entre Saint-Martin, Anguilla et Saint-Barth.
Cette expédition, financée par Agoa et le CAR-Spaw, était encadrée scientifiquement par Breach (association en charge des suivis de population dans le cadre du sanctuaire Agoa), en partenariat avec la Réserve naturelle, qui devrait à terme constituer le référent scientifique local.
Deux bateaux ont été affrétés pour embarquer les équipes de Breach, du sanctuaire Agoa, du CAR-Spaw, des Marine parks de Sint Maarten, de Statia et de Saba, de la Réserve naturelle de Saint-Barth et de la Réserve naturelle de Saint-Martin. En 2010 et 2011, 11 observations visuelles et 16 observations acoustiques avaient été relevées au long des 717 kilomètres échantillonnés par l’équipe de la Réserve naturelle, soit 1,6 baleine à bosses pour 100 kilomètre et une abondance relative de 0,026 individu par kilomètre.
La campagne 2012 s’annonce d’ores et déjà encore plus fructueuse, après l’observation de plusieurs groupes de cachalots, de dauphins et de baleines à bosses au large de nos côtes.
La présence en nombre de ces cachalots sera un élément de poids pour faire valoir l’importance des Îles du Nord dans le cadre du sanctuaire Agoa, ces derniers étant jusque-là considérés comme quasi absents de cette zone.
Certaines observations ont même pu être effectuées à proximité directe des côtes, puisque 2 adultes et 2 jeunes baleines à bosses ont été observées en fin d’après midi, à l’entrée même de la Marina d’Oyster Pond.
La mer des Caraïbes est un habitat privilégié pour l’alimentation, la reproduction et la migration des grands mammifères marins, protégés depuis le 15 octobre 2010 par la mise en place d’un sanctuaire.
Ce dernier est dédié à la protection et la conservation des mammifères marins dans les eaux des Antilles françaises, autour de la Guadeloupe, de la Martinique, de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin.
Baptisé Agoa, en référence à « Maï d’Agoa » la mère de l’esprit des eaux dans la mythologie amérindienne, ce sanctuaire s’étend sur 138 000 km2.

The characteristic blow of humpback whales

The rare observation of two sperm whales
Belle photo prise par Julien Chalifour

74 traces de tortues ont été relevées en 2011 sur les neuf sites de pontes visités deux fois par semaine par l’équipe et les écovolontaires partenaires de la Réserve, soit 310 visites au total.
Les tortues imbriquées ont été les plus nombreuses à déposer leurs oeufs sur les plages de Saint-Martin et les tortues luth les plus rares, avec une trace seulement sur la plage de Baie Longue et une montée sur la plage de la Baie Orientale, sans ponte, l’animal ayant vraisemblablement été perturbé par la lumière et le public (lire l’édition n°12 de ce journal, téléchargeable sur le site www.reservenaturellesaint- martin.com).
Les plages préférées des tortues sont la plage du lagon de Tintamare, la plage de Coralita et la plage de Baie Longue.
Julien Chalifour, chargé de mission scientifique à la Réserve, note une régression globale de la fréquentation des tortues depuis 2009, surtout sur les plages des Terres Basses.
Cependant, une même génération de tortues ne pondant que tous les deux ans, cette tendance pourrait être réversible dès cette année. Parallèlement, les clubs de plongée du réseau INASCUBA ont observé 222 tortues au cours de 312 plongées sur 30 sites, avec un pic d’observations en février 2011.
Concrètement, il s’agit pour les clubs, à l’issue de chaque plongée, de remplir une fiche indiquant le nombre de tortues rencontrées, ainsi que leur espèce. Le sec de Grand-Case sur la partie française, Charlie Shoal et Proselyte Reef sur la partie hollandaise, détiennent la palme de la fréquentation des tortues, mais leur indice d’abondance est également en légère régression. Les clubs étant moins nombreux à participer – le suivi demande, c’est vrai, un peu de temps chaque jour – la Réserve va tenter de mobiliser à nouveau les plongeurs professionnels.

Succès total pour l’opération « écovolontaires tortues marines » 2012 : quarante bénévoles ont répondu à l’appel que la Réserve avait lancé dans la presse.
La plupart d’entre eux ont bénéficié le 5 mars d’une formation au protocole de suivi et pourront donc repérer les traces de tortue venues pondre sur les plages et différencier les espèces. Une seconde session est programmée fin mars, juste avant la pleine saison de ponte, en avril.
 
Bonne nouvelle : la signature d’une convention pluriannuelle pour l’observation des tortues marines va permettre à la Réserve Naturelle de travailler en partenariat avec l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage) sur cette mission.
Cette démarche de l’ONCFS, chef de file du réseau tortues marines, est la reconnaissance des efforts et de la qualité du travail mené par l’équipe d’écovolontaires encadrée par la Réserve.
Belle photo prise par Julien Chalifour
Belle photo prise par Julien Chalifour
Dolores Aglae - Director of the “Water Transfers and Excursions Desk” at the Radisson

En général, les touristes recherchent la nature la plus naturelle possible et je les informe qu’ils se rendent sur un territoire protégé lorsqu’ils vont à Tintamare ou à Pinel.
Ils savent qu’ils vont trouver une faune et une flore plus riches que partout ailleurs et ils ne reviennent jamais déçus ! ».

COOL.. and NOT COOL..

L’équipe de la Réserve était sur l’eau pour la Heineken Regatta et a aidé la SNSM à remettre d’aplomb ce catamaran retourné.

COOL

L’équipe de la Réserve était sur l’eau pour la Heineken Regatta et a aidé la SNSM à remettre d’aplomb ce catamaran retourné.

Plaisanciers, attention à la manoeuvre ! Respectez les mouillages mis en place pour vous par la Réserve naturelle.

NOOT COOL

Plaisanciers, attention à la manoeuvre ! Respectez les mouillages mis en place pour vous par la Réserve naturelle.

 

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